Embauche de mannequins vendeurs, mise en vente de vêtements qui ne dépassent pas la taille 40, ciblage explicite de clients « jeunes et beaux » : la marque de prêt-à-porter américaine Abercrombie & Fitch est connue pour sa politique très particulière vis-à-vis de l’apparence de ses employés et de ses clients. Beaucoup dénoncent une vraie discrimination, et le Défenseur des droits français Dominique Baudis a même fait savoir qu'il allait examiner les conditions et critères de recrutement, jugés discriminatoires, de cette société qui fait de la plastique de ses employés sa marque de fabrique. Aux États-Unis également, la marque fait des vagues. L’enseigne a ainsi licencié en 2010 une employée musulmane, Hani Khan, au motif qu’elle refusait de retirer son voile sur son lieu de travail. La jeune femme portait pourtant le hijab depuis plusieurs mois, avant qu'un manager ne visite le magasin dans lequel elle travaillait et n’estime qu’elle enfreignait la très stricte « Look Policy » pratiquée par la marque.
Mais l’employée n’a pas entendu son licenciement de cette oreille : elle accuse son employeur de l’avoir renvoyée pour motif religieux. En 2011, la commission Equal Employment Opportunity, agence fédérale chargée de faire appliquer les lois contre la discrimination au travail, attaque en justice Abercrombie et prend la défense de l'employée. La juge Yvonne Gonzalez Rogers, du district nord de Californie s’empare également de l’affaire et prend la défense d’Hani Khan. Le procès va démarrer à la fin du mois de septembre, et devra déterminer ce qu’Abercrombie & Fitch doit à son ex-employée. Alors que la marque l’assure, elle ne « discrimine personne sur des bases religieuses » et sa décision était motivée par le fait qu’accorder le port du hijab à son employée représenterait « une contrainte excessive » pour l’enseigne et ses ventes, la justice américaine persiste : « Abercrombie doit fournir plus que des croyances subjectives et générales ou des suppositions que tout écart à leur politique affecterait négativement leurs ventes ou la marque ». D'ailleurs, la justice avance que « des jurés raisonnables pourraient établir le fait qu'offrir à Hani Khan la possibilité d'enlever son hijab, malgré ses croyances religieuses, est un acte de malveillance de la part d'Abercrombie. Sans [cette proposition], l'entreprise savait qu'il y avait un risque que [le licenciement] soit perçu comme une violation de la loi fédérale ».
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