Les images sont insoutenables : le New York Times a pourtant décidé de les montrer. Le journal américain a décidé d'alerter sur le terrible sort d'enfants yéménites souffrant de malnutrition afin de "profiter de l'écho donné aux bombardements saoudiens au Yémen par le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi".
Depuis mars 2015, des rebelles Houthis ont chassé du pouvoir le pouvoir gouvernemental. Pour les déloger, une coalition menée principalement par l'Arabie saoudite bombarde sans relâche le pays, au détriment des populations civiles.
Dans un article intitulé "Pourquoi nous publions des photos poignantes d'enfants yéménites émaciés" le journal explique que ces photos sont "brutalement sincères" et qu'elles "révèlent le désastre actuel du Yémen". "Vous pouvez choisir de refuser de les regarder. Mais nous avons pensé que cette décision vous appartient", explique l'article.
La rédaction ajoute : "C'est notre travail en tant que journalistes : témoigner, donner la parole à ceux qui sont autrement abandonnés, victimes et oubliés. Et nos correspondants et nos photographes se donneront beaucoup de mal, se mettant souvent en danger, pour le faire."
L'éditeur photos international du journal, David Furst explique : "Les journalistes travaillant dans les zones de conflit, y compris notre photographe, Tyler Hicks, risquent leur vie pour ramener des images parfois difficiles à regarder [...] Mais nous avons pensé que ce ne serait pas rendre service aux victimes de cette guerre de publier des images aseptisées qui ne reflètent pas pleinement leurs souffrances."
Selon Médecins sans Frontières, il est très difficile, au vu des conditions d'accès à tout le pays de déterminer le nombre de personnes souffrant de malnutrition : "Il y a effectivement des endroits où les taux de malnutrition aiguë sévère sont en augmentation. Mais ce n'est pas une situation homogène à l'échelle du pays", explique l'ONG.
L'association décrit une "détérioration générale des conditions de vie de la population qui n'a plus accès à des centres de santé, soit parce qu'ils ont été détruits par les combats, soit parce qu'ils sont désertés par le personnel médical, qui n'est plus payé depuis août 2016."
Aussi : "Il y a une évidente dégradation des conditions économiques, avec une perte de pouvoir d'achat. Le prix de la farine est quasiment 80 % au-dessus de son prix d'avant le début de la guerre, et celui de l'essence a augmenté de 130 %."
Selon des estimations de l'UNICEF, "un enfant yéménite meurt toutes les dix minutes des conséquences du conflit et du manque d'accès aux soins."
Comment ne pas se sentir désarmé·e face à de telles photos d'enfants malnutris alors que nous sommes à des milliers de kilomètres ? Le New York Times a publié une liste d'actions concrètes à réaliser pour leur venir en aide. Nous vous donnons des pistes pour pouvoir aider depuis la France.
Donner de l'argent
-Action contre la faim : l'association a aidé 300 000 personnes sur la seule année 2017. Pour faire un don vous pouvez vous rendre sur cette page.
-L'UNICEF : Cet organisme de l'ONU intervient auprès des enfants souffrant de malnutrition et leur permet un meilleur accès à l'eau potable alors que "8,6 millions d'enfants d'eau potable et des moyens d'assurer leur propre hygiène". Pour aider cette organisation vous pouvez faire un don sur cette page.
-Médecins sans frontières : L'association apporte une aide médicale d'urgence à la population, soutien une vingtaine de structures sur place et forme du personnel médical. Elle tente de répondre à l'épidémie de choléra déclarée en 2017. Pour les aider à poursuivre leurs missions "avec des contraintes fortes d'accès et de sécurité" vous pouvez vous rendre sur cette page pour faire un don.
-Médecins du monde : L'association aide cinq structures au Yémen et depuis fin 2015 aide à la réhabilitation de structures médicales endommagées. Elle tente également "d'améliorer le dépistage et le traitement de la malnutrition chez les enfants". Pour les aider dans leur mission, vous pouvez faire un don sur cette page.
S'informer
Pour mettre la lumière sur la situation de la population yéménite il faut s'informer. Le travail dans le pays est extrêmement difficile pour les organisations humanitaires mais aussi pour les journalistes. Leurs informations sont précieuses. Après s'être informé·e sur la situation vous pouvez en faire part autour de vous et alerter sur cette situation.