Charles-Tanguy, c'est le prénom du personnage que met en scène la dessinatrice Emma dans sa dernière bande dessinée mise en ligne sur son site et ses réseaux sociaux. Une histoire sarcastique qui s'intitule "La ligne" et tourne en dérision les hommes qui se disent féministes et autres "nice guys".
Emma est notamment connue pour avoir illustré le principe de "charge mentale". Au fil de ses albums engagés, la dessinatrice crayonne bien des enjeux féministes, avec humour et pédagogie. Elle interroge aussi bien le couple (hétéro) que la société patriarcale d'où émanent injonctions et discriminations. Avec "La ligne", elle s'attaque aux "mecs sympas" qui disent défendre la lutte pour l'égalité des sexes.
C'est surtout leur amour-propre qu'elle épingle.
Effectivement, le "trop sympa" Charles-Tanguy que met en scène Emma ne supporte pas qu'on critique les hommes. Et il le fait savoir sur les réseaux sociaux, en écrivant aux militantes féministes qui dénoncent les inégalités. De quoi faire soupirer celles qui reçoivent chaque jour ce genre de commentaires...
"Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'il est le énième de la journée à infirmer cette féministe de son existence...", s'amuse la dessinatrice, ironisant sur la loquacité des "Henri-Gontran" et autres "Robert-Titouan". C'est la propension des hommes qui se disent féministes à se mettre en avant que raille l'artiste, au grand plaisir de ses fans.
Mais qu'est-ce que "la ligne" en question ? Simple, elle est celle qui se dresse entre "les vilains" et "les mecs biens", ironise Emma, ligne que "Henri-Gontran va dépasser en fonction des circonstances", défendant ou à l'inverse dénonçant des luttes ("il faut séparer l'homme de l'artiste", affirme notamment le personnage, qui ne semble pas non plus avoir de soucis avec le sexisme de son supérieur hiérarchique).
Ce concept a été théorisé par l'humoriste Hannah Gadsby. Pour cette dernière, ce sont les hommes eux-mêmes qui tracent cette ligne : "ils n'ont pas dépassé cette ligne puisqu'ils la redessinent à leur avantage". Une critique de la masculinité acerbe et intéressante qu'illustre une case après l'autre Emma au fil de cette bédé percutante.