La scène se déroule dans Bruxelles, jeudi 14 août. Alors qu'il se balade dans le centre-ville en dehors de ses heures de service, Jean-Marie Pire, responsable du protocole local, est interpellé par trois jeunes femmes demandant leur chemin en anglais. Constatant que l'une de ses interlocutrices porte un voile intégral, le Belge rechigne à répondre.
« J’ai répondu que je ne parlais pas aux gens dont je ne pouvais voir le visage. Par cette réponse, je voulais clairement leur faire comprendre que le port du niqab était interdit en Belgique », a expliqué le haut fonctionnaire au quotidien La Libre Belgique. « Comme mon interlocutrice ne semblait pas m’écouter, poursuit-il, je lui ai retiré son voile intégral. Je n’aurais pas dû faire cela, je le reconnais, mais ce qu’elle faisait n’était pas légal non plus ».
Dans la presse nationale, le geste, comme l'explication donnée par son auteur, posent question, les médias ne manquant pas de rappeler que Jean-Marie Pire gère le protocole bruxellois depuis maintenant 10 ans. Mais l'affaire a pris une toute autre dimension lorsque l'identité de la jeune femme voilée a été révélée.
« En effet, sous le niqab en question se trouvait une ressortissante qatarie ayant le rang de princesse dans l'Emirat », rapporte le site jeuneafrique.com. L'incident dépasse alors les frontières du plat pays pour virer à l'incident diplomatique, l'intéressée ayant aussitôt pris soin d'informer l'ambassade du Qatar à Bruxelles du geste de Jean-Marie Pire.
Dans la foulée, une plainte est déposée par la princesse selon laquelle des « gestes violents » auraient accompagnés la discussion. Et la jeune femme de préciser qu'en lui ôtant son niqab, le chef du protocole l'aurait blessé aux oreilles en arrachant au passage ses boucles d’oreilles.
Si certains témoins assurent par ailleurs que Jean-Marie Pire était sous l'emprise de l'alcool au moment des faits, le Belge tient à démentir, répétant à l'envi : « Il était trois heures de l’après-midi. D’ailleurs, je ne bois jamais ».
Le parquet de Bruxelles a décidé d'ouvrir une enquête s'appuyant sur les faits de coups et blessures. Une amende a cependant été infligée à la jeune princesse qatarie pour port du voile intégral. Une loi votée en avril 2010, et entrée en vigueur en juillet 2011, interdit en effet le port de ce type de vêtement masquant le visage en Belgique.
S'il ne cite pas expressément la burqa et le niqab, le texte dispose que les personnes qui « se présenteront dans l'espace public le visage masqué ou dissimulé, en tout ou en partie, par un vêtement de manière telle qu'ils ne soient plus identifiables » seront punis d'une amende (137,50 euros) et/ou d'une peine de prison de un à sept jours.