Bénédicte Pontet est née en 1970 à Paris. Elle commence à peindre à l’âge de 19 ans, très intéressée par la figuration et en particulier le corps féminin. Formée à l’Académie des Beaux-Arts de Rome, elle a exposé à Paris et à Munich entre 1999 et 2004.
©Alexandra de Csabay
Terrafemina : Vous aimez particulièrement travailler sur la représentation du corps féminin. Pourquoi ?
Bénédicte Pontet : Le corps humain me fascine, je l'interroge avec mon pinceau. Je peins face à un miroir, mais à force de me regarder ce n’est plus moi que je vois. Face à ma toile, je suis confrontée à des problèmes de peintre, le dessin, la couleur, le mouvement d’une main… Et finalement le tableau finit par dire quelque chose de la femme en tant qu’être humain.
B. P. : Non, il n’y a pas d’intention ou de volonté qui prédomine avant de commencer un tableau. Je ne décide pas de peindre la violence dans le féminin. Il y a une sensation diffuse vers laquelle je tends, je la cherche, c’est une bataille contre la toile pour exprimer cette chose, et je n’ai pas l’impression de peindre la souffrance, pour moi c’est une femme qui enlève son masque. Mais peindre c’est un peu comme laisser échapper sa souffrance et la matérialiser sur la toile. Dans L’Accouchement I et II, il ne s’agit pas vraiment de douleur, même si c’est cela qu’on peut lire, mais plutôt d’énergie vitale. Quand on devient mère il se passe quelque chose de très bestial en nous, on est rattrapé par cette animalité, dans tout notre corps.
B. P. : C’est vrai, dans Les Parques, on retrouve les trois fileuses qui déroulent, tissent et coupent les fils de l’existence, ces trois divinités sont désacralisées, habillées en jean, mais elles sont toujours là pour donner la vie, avec au bout la mort. Dans plusieurs toiles – La Passation de pouvoir, Inachèvement-, je montre le cycle de vie par l’accouchement d’une femme qui donne naissance à une autre, parce que l’accouchement est un peu une naissance de vous-même, le cri de la mère accompagne celui de l’enfant. Il y a aussi La Lettre, qui figure la violence d’un diagnostic, la femme réduite à un code génétique – la mutation du gène BRCA1- qui lui apprend qu’elle a 80% de risques de développer un cancer du sein ou des ovaires. L’examen du centre de cancérologie lui tombe des mains et modifie son rapport à la vie et à son corps. C’est un moment très violent.
B. P. : Cela m’avait frappé en effet quand j’avais visité l’exposition « Elles » au Centre Pompidou (2009). Pour ma part je sais que je ne peins pas comme un homme, je n’ai pas le même regard sur le monde. Je peins la femme forcément différemment, sans victimiser ni comparer les deux sexes, je cherche juste à comprendre ce qu'est une femme.
Exposition Bénédicte Pontet, « La violence dans le féminin »,
Du 6 mai au 18 juin 2011,
Yu Gallery, 15 rue de Seine, 75006, Paris.
http://www.benedicte-pontet.com
Les Parques
Double
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