La ministre de l'Intégration italienne Cecile Kyenge a dû essuyer un nouvel acte raciste vendredi 26 juillet. Alors qu'elle prononçait un discours lors d'une fête du parti démocrate à Cervia, dans l'Est du pays, Cecile Kyenge a été victime d'un jet de bananes de la part d'un sympathisant du groupe d'extrême-droite Forza Nuova (Force Nouvelle). Celui-ci entendait protester contre la réforme du droit du sol de la ministre, qui souhaite accorder la nationalité italienne à toute personne née dans le pays. Le membre de Forza Nuova, qui a raté la tribune, était accompagné d'autres militants d'extrême-droite. Ceux-ci ont déposé, durant le discours de Cecile Kyenge, des mannequins couverts de faux sang et distribué des tracts sur lesquels était inscrit « l'immigration tue ».
Cecile Kyenge a réagi sur Twitter peu après les évènements, qualifiant ce geste de « triste » qui porte honneur à l'image de l'Italie. « Je trouve déplorable que l'on gâche des aliments quand on sait combien de gens meurent de faim », a-t-elle ajouté.
Depuis sa nomination à la tête du ministère italien de l'Intégration en mars dernier, Cecile Kyenge est devenue la cible privilégiée des militants d'extrême-droite, mais aussi des politiques. Ceux-ci lui reprochent autant ses origines congolaises que la réforme du droit du sol qu'elle entend imposer. Première femme noire à être entrée au gouvernement, Cecile Kyenge est devenue malgré elle la souffre-douleur du parti populiste de la Ligue du Nord. Mi-juin, Dolores Valandro, une élue locale du parti anti-immigrés, avait appelé sur Facebook au viol de la ministre. Un mois plus tard, c'était au tour de Roberto Calderoli, vice-président du Sénat et lui aussi membre de la Ligue du Nord, de déraper en comparant Cécile Kyenge à un « orang-outan ».
Faisant fi des basses attaques dont elle est sujette, Cecile Kyenge a toujours revendiqué fièrement ses origines et la couleur de sa peau, affirmant : « Je ne suis pas de couleur, je suis noire. »
Elle a de son côté reçu de nombreux soutiens politiques. Suite aux évènements de vendredi, l'ex-maire de Rome Gianni Alemanno a qualifié le geste du militant de Forza Nuova de « honteux et scandaleux. Solidarité avec la ministre Kyenge. À présent, isolons les imbéciles. » Un sentiment partagé par la ministre de l'Agriculture Nunzia de Girolamo qui a estimé que l'attitude de Cecile Kyenge était irréprochable, montrant que « face à des actes idiots et violents, la meilleur était parfois l'ironie ». La ministre de l'Environnement Andrea Orlando a quant à elle fait part de sa « très vive indignation pour cet acte minable ».
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