D'un côté, un homme, Ant Smith, qui vient d'instaurer en Angleterre la journée du petit pénis. Sachant ce sujet anxiogène pour tous les hommes (quelle que soit la taille de leur sexe, les hommes craignent toujours qu'il soit trop petit) et difficile à gérer pour les femmes, il a décidé d'en parler ouvertement. Il a commencé à parler de la taille de son sexe – réellement petit - il y a deux ans, en écrivant des poèmes et des chansons sur le sujet. Il a aussi ouvert un site où il rappelle en images que dans la Grèce Antique, les sculpteurs affublaient toujours les hommes de petits pénis, à l'époque signe d'élégance. Il innove encore cette année en lançant la « Grande fête du petit pénis », qui aura lieu le 7 mars prochain, à Londres.
Partant du principe qu'il vaut mieux en rire pour libérer les angoisses, l'ode au petit phallus frôlera le burlesque, dans un esprit de cabaret. Chaque détail ayant son importance, le prix d'entrée sera en fonction de la longueur des pénis des spectateurs : plus il sera annoncé petit, moins l'entrée sera chère, afin de décomplexer dès l'entrée. Pour Ant Smith, « nous sommes ce que nous sommes, célébrons l'approche de la diversité ». La taille n'est en réalité un frein en rien, et c'est d'ailleurs son épouse (avec qui il est marié depuis 17 ans) qui l'a libéré en reconnaissant que son sexe était effectivement petit, mais que cela n'était pas important pour elle. Quelques mots qui ont suffit à changer sa vie.
De l'autre, une femme, Cindy Gallop (maintenant basée aux Etats-Unis), qui jusqu'à récemment était à la tête d'une grosse agence de publicité, qu'elle a quittée pour fonder le site « MakeLoveNotPorn.com » (faisons l'amour, pas le porno). Cette cinquantenaire insoumise aime faire l'amour avec des hommes plus jeunes qu'elle. Ce faisant, elle a constaté qu'ils ont une version distordue du rapport sexuel, ayant appris en visionnant des films porno. Si à son âge il ne lui est pas difficile de dire non à un homme qui veut éjaculer sur son visage, elle pense qu'il n'en n'est pas de même pour les jeunes femmes, qui veulent trop souvent faire plaisir à leur partenaire. C'est la raison pour laquelle elle a monté en 2009, MakeLoveNotPorn.com, maintenant suivie de la version beta de MakeLoveNotPorn.tv, où les gens peuvent soit envoyer les films qu'ils ont réalisés, en conformité avec leur sexualité, soit payer pour voir les films des autres.
Hommes, femmes, hétérosexuels ou homosexuels des quatre coins du monde ont envoyé leurs réalisations, afin de contribuer à libérer les jeunes d'une représentation fallacieuse du rapport sexuel entre deux êtres. Le but, pour elle, est de faire en sorte que « les conversations sur la sexualité deviennent acceptables et, de fait, aussi faciles à partager socialement que n'importe quoi d'autre actuellement disponible sur Facebook, Tumblr, Twitter, or Instagram. L'équipe visionne toutes les vidéos envoyées en vue de les sélectionner. Toutes celles qui flirtent avec l'idée de performance, ou qui reprendraient les codes du porno sont éliminées. Seules restent celles qui sont proches de la réalité quotidienne, « drôles, épatantes, foutraques, idiotes, merveilleuses, humaines. Nous sommes pro-sex, pro-porno, pro-sachez faire la différence », a-t-elle dit au magazine américain Bust.com.
Deux idées simples, qui aident les unes et les autres à s'affranchir des fausses représentations de normes, qui – vraies ou fausses – ne sont rien d'autres que des obstacles à la jouissance.