La Formule 1 en aurait-elle fini avec le machisme qui la caractérise ? On pourrait le croire au vu des deux derniers week-ends de Grand Prix organisés ce mois-ci en Grande-Bretagne puis en Allemagne. En effet, dans le cadre des essais qualificatifs, et alors que ce n'était pas arrivé depuis 22 ans, une femme a couru deux fois en l'espace de 15 jours. Cette femme c'est Susie Wolff, troisième pilote réserve de l'écurie Williams. Après avoir été contrainte d'abandonner les essais à Silverstone pour raison mécanique au bout de quatre tours de piste le 4 juillet dernier, la jeune femme de 32 ans a réalisé une belle prestation deux semaines plus tard. À Hockenheim (Allemagne), elle a parcouru 22 tours, signant ainsi le 15e temps à seulement deux dixièmes de Felipe Massa, nouveau titulaire de l'écurie Williams.
>> Sexisme en F1 : pour Stirling Moss, les femmes n'ont pas "l'aptitude mentale" pour ce sport <<
Mais cette performance ne semble pas du goût de tout les observateurs. « Il y a beaucoup d'idiots dans le paddock, qui écrivent des bêtises sur moi, qui pensent qu'une femme est incapable de piloter une F1. Mais la F1 change car le monde change, la place des femmes évolue », a confié à l'AFP celle qui est aussi l'épouse de Toto Wolff, patron de Mercedes Motorsport et accessoirement actionnaire de Williams F1. Et de poursuivre : « Je n'aurais jamais demandé à le faire si je ne m'en sentais pas capable. J'ai dû répondre à tellement de questions sur le fait que j'étais un outil marketing », a-t-elle encore déploré.
En effet, alors que pour l'heure seules deux femmes sont pilotes de réserve en Formule 1, chaque sortie de l'une d'elle déclenche une pluie de commentaires sexistes. Dernier exemple en date, après la contre-performance de Susie Wolff sur le circuit de Silverstone, Sergio Perez, pilote mexicain de l'écurie Force India, lui a très subtilement conseillé de retourner à ses casseroles. « Vous imaginez qu'une fille puisse me battre ? Non, non… Susie aurait dû rester dans sa cuisine. Silverstone est un circuit difficile alors on ne peut pas espérer grand-chose pour elle », avait-il jugé lors d'un entretien accordé à la chaîne Antena 3. De même, en avril 2013, la légende britannique de la F1 Stirling Moss avait purement et simplement jugé les femmes inaptes à la course automobile. « Je pense qu'elles ont la force, mais je ne sais pas si elles ont l'aptitude mentale pour rouler à la dure, roue contre roue. Une femme aurait beaucoup de mal à gérer la tension mentale. Je ne crois pas, tout simplement, qu'elles aient l'aptitude à gagner une course de Formule 1 », avait-il affirmé à l'époque sur les ondes de BBC Radio.
Fort heureusement, ce machisme affiché n'intimide ni Susie Wolff ni sa consœur la Suissesse Simona de Silvestro, pilote d'essai de l'écurie Sauber. Et pour cause, les deux coureuses n'ont qu'un objectif en tête : décrocher leur place de titulaire dans un baquet de Formule 1 et ainsi faire taire les mauvaises langues. Une mission qui n'a d'ailleurs rien d'impossible d'autant que comme l'a très justement rappelé Susie Wolff à Hockenheim : « Sur la piste, l'important n'est pas de savoir si on est blonde ou brune, si on a les cheveux longs ou courts, ce qui compte, c'est le chrono ».