Si le fait divers survenu, dimanche 8 juin, sur le pont des Arts devrait entraîner une crise quasi systémique chez les vendeurs de cadenas à la sauvette, il soulève également une question de première importance. Comment le ou la phobique de l'engagement contractuel va dorénavant calmer les velléités maritales de sa ou son partenaire à peu de frais et sans esquinter tout ou partie des infrastructures de connexion rive gauche / rive droite de la capitale ? Terrafemina propose trois solutions alternatives et courageuses aux "cadenas d'amour".
On sait ô combien vous portez de l'affection au neuvième amour de votre vie. Toutefois, pourquoi aller saigner à l'Opinel un platane d'orient centenaire en y gravant votre état civil ? Laissez l'écorce du vénérable feuillu tranquille et concentrez-vous sur un lieu nettement plus chic et symbolique : les cabinets d'aisance du troquet favori de votre moitié (ou quart pour les monogames non sectaires, ndlr). Un graffiti bien senti dans les toilettes rendra votre message accessible à une large audience, mettra du baume au coeur (ou enfoncera un peu plus) le célibataire pinté venu se soulager et recouvrira les envolées lyriques du type "je s*** au 06…" précédemment inscrites.
LE RUBAN BIODÉGRADABLE
Le ruban en papier biodégradable est LA solution des couples écologiques et prévoyants. Beaucoup plus léger qu'un cadenas, il est inoffensif pour la structure des ponts de Paris, encore enlaidis certes, mais à présent sûrs. Le ruban a également l'avantage de permettre aux tourtereaux ayant inscrit leurs prénoms dessus d'espérer le meilleur, tout en préparant le pire. En effet, ce dernier, à l'instar de certaines relations, se désagrège aux intempéries en un ou deux ans. Ainsi, nul besoin de vous munir d'une pince monseigneur et d'un billet d'avion le jour où vous serez congédié.
NE FAITES RIEN, SUGGÉREZ TOUT
Cette troisième et dernière solution s'adresse aux lecteurs ayant déjà une sérieuse expérience de l'emploi du conditionnel. Etant entendu que les promesses n'engagent que ceux qui y croient, misez tout sur la qualité de la vue et laissez la rhétorique faire le reste. A l'image d'un bon ministre du Travail, prêchez, à grands coups de métaphores et la main sur le coeur, l'inenvisageable. Saupoudrez le tout d'un bon gros poncif, type « plus qu'hier, moins que demain » et filez avec votre partenaire rasséréné(e), ravi d'avoir atteint « l'infini mis à la portée des caniches » tout en ayant préservé votre bourse et le mobilier urbain.