Virginie Spies : L’intervention de l’ancien patron du FMI m’a paru tout, sauf naturelle. Chaque réponse a été préparée, répétée et chapitrée dans les moindres détails. Rien ne dépassait, il n’y avait pas de place pour l’imprévu. Cela ressemblait davantage à un exercice théâtral qu’à une véritable interview, qui implique une discussion entre les deux interlocuteurs. Or, dimanche soir, DSK connaissait parfaitement la teneur et l’ordre des questions. Claire Chazal, quant à elle, semblait savoir à l’avance quelle allait être la réponse.
Même les nombreux silences étaient prévus et calibrés donnant à cet entretien un caractère d’autant plus solennel. Il faut savoir que les silences sont très utilisés au théâtre. Aussi important que les dialogues, ils servent à donner de la gravité à une scène. Mais à la télévision, en dehors des discours, ils sont très rares. Les silences répétés de Dominique Strauss-Kahn n’étaient donc pas dûs au hasard. Ils avaient pour but de donner à cette interview un côté sérieux et cérémonieux. D’une manière générale, DSK nous a montré, lors de ce JT, toute l’étendue de ses talents de communicant.
V. S. : Claire Chazal est une journaliste très compétente qui l’a prouvé à maintes reprises. Je pense qu’elle a rempli sa mission. Elle a posé les bonnes questions et a obtenu les réponses qui étaient prévues. Certes, il n’y a pas eu de scoop mais elle était dans une situation difficile, prise dans un dispositif médiatique qui la dépassait complètement. D’ailleurs, contrairement à ce que l’on aurait pu craindre, elle n’a pas fait preuve de plus de complaisance qu’à son habitude. Elle était attendue au tournant mais est restée égale à elle-même.
Je trouve qu’elle s’en ait plutôt bien sortie d’autant qu’elle avait une pression considérable sur ses épaules. Ce 20 heures était en effet comparable au dernier épisode de la saison 1 d’une série à succès : un événement annoncé plusieurs jours à l’avance et que personne ne veut rater. Quel qu'aurait été le journaliste en face de DSK, je suis convaincue que le résultat aurait été sensiblement le même.
V. S. : Je ne sais que penser de cette démarche. Que cherche-t-elle en accordant une interview au lendemain de l’intervention de DSK ? Je pense que Tristane Banon utilise simplement les moyens de communication à sa disposition pour se défendre. Et dieu sait qu’elle est rompue à cet exercice et qu’elle connaît bien les médias.
Malgré tout, sa venue sur le plateau du Grand Journal est un échec pour Dominique Strauss-Kahn. C’est la preuve qu’il n’est pas parvenu, aussi grave qu’ait été son interview sur TF1, à mettre un frein à toute cette histoire. Dans le Grand Journal, Tristane Banon vient mettre de l’huile sur le feu. A partir de maintenant, il faut s’attendre à assister à un combat par médias et déclarations interposés, dont le seul but est la notoriété.
Virginie Spies
Crédit photo : AFP
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