Caractéristiques, importance du dépistage par les tests de QI et intérêt du placement en instituts spécialisés... Grâce à l'aide de Liliane Bahsief, professeure de français et directrice académique de l'établissement Georges Gusdorf à Paris, dédié exclusivement à la précocité, de la petite section de maternelle à la terminale, on fait le point sur la précocité chez l'enfant.
Nombre de parents sont convaincus de la précocité et des incroyables dons de leurs enfants. Et pour cause, leurs petites têtes blondes peuvent tout à fait se révéler précoces ou très douées dans certains domaines de leur vie sans pour autant être considérées comme "précoces" ou "surdouées". Alors, afin d'éviter les amalgames, on parle désormais d'enfants "intellectuellement précoces" ou "à haut potentiel" nous explique Liliane Bahsief précisant qu'"ils sont dépistés par le biais d'un test de QI, le plus souvent le WISC, car leurs capacités dépassent la norme" (QI égal ou supérieur à 130). D'après le site du Ministère de l'Éducation Nationale, 1,25 % des élèves seraient concernés par la précocité.
Parmi les signes qui les caractérisent, "les enfants intellectuellement précoces parlent généralement très tôt et dans une syntaxe efficace, bénéficient d'un processus de mémorisation plus important et apprennent à lire et à compter avant les autres.
Ils font également preuve d'une grande curiosité et posent sur le monde un regard très pointu. De même, ils ont souvent des passions très recherchées" constate la directrice.
Et de souligner une dernière singularité souvent propre aux enfant à haut potentiel : "ils dorment mal et peu" mais, "dans tous les cas, un test de QI doit être pratiqué pour s'assurer de la précocité de l'enfant. Il peut être diagnostiqué dès ses 3 ans".
Contrairement à ce que l'on pourrait supposer, Liliane Bashief nous révèle qu'un enfant "à haut potentiel" se trouve en échec scolaire dans 50 % des cas. Elle nous explique en effet que "s'il a des aptitudes intellectuelles au-dessus de la moyenne, il est souvent victime de troubles associés tels que la dysgraphie, la dyslexie ou encore la dysorthographie. Le principal souci des enfants précoces vient du fait de ne pas réfléchir comme nous et d'avoir des difficultés à s'organiser et à organiser leurs pensées. Ainsi, c'est généralement lorsqu'ils entrent en 5e ou en 4e et qu'apparaissent les premières difficultés scolaires que les enfants effectuent les tests de précocité et choisissent éventuellement de quitter le cursus classique pour un enseignement à domicile ou en école dédiée".
Selon la directrice d'école "Bien souvent, les enfants à haut potentiel commencent par sauter des classes car ils s'ennuient. Mais parfois, il y a un écart entre le comportement de l'enfant et son niveau intellectuel. Un professeur bienveillant peut parfois suffire à permettre à un élève précoce de s'épanouir, mais ce n'est hélas pas toujours le cas. L'école à la maison et les instituts proposant des dispositifs adaptés peuvent alors prendre le relais".
Au sein des établissement scolaires dédiés à la précocité, tels que l'établissement parisien Georges Gusdorf dont Liliane Bahsief est la directrice académique et l'un des professeurs, on accueille les enfants de la petite section à la terminale en leur proposant un processus adapté. "Là, les enfants ont accès, dès leur plus jeune âge, à une multitude d'activités complémentaires telles que du chant, du théâtre, du chinois ou de la cuisine. On parle de 'méthode dédiée précoce'. Cela consiste à travailler à partir du savoir des élèves, de leur proposer des cours plus élaborés et de les adapter aux programmes académiques. Des psychologues sont également présents dans ces établissements afin de permettre aux élèves de gérer le stress, les angoisses, le mal-être et l'hyperactivité qui submergent beaucoup d'entre eux".
"Les enfants peuvent être amenés à être dépistés plusieurs fois au cours de leur cursus scolaire. Notamment lorsqu'ils sont admis en établissements dédiés à la précocité. Un premier test pourra alors être effectué en fin de maternelle, puis à l'entrée au collège, voire en terminale. Il apparaît parfois nécessaire de vérifier l'évolution de leur QI pour alimenter au mieux leurs banques d'informations. Souvent, lorsqu'une difficulté apparaît chez l'élève, on redemande un test de QI. En effet, si le résultat de QI ne varie pas trop, un enfant peut avoir été considéré comme précoce car il répondait aux caractéristiques à l'instant T mais celles-ci peuvent s'estomper à l'instant T1. Cette approche de la précocité a alors été confondue au départ avec la capacité d'absorption, de rapidité et d'adaptabilité de l'élève, mais ça reste très rare" conclut Liliane Bahsief.