Envie d'épouser un riche héritier ? C'est mal barré

Envie de vous forger un solide patrimoine ? Mieux vaut tenter d'investir dans l'immobilier que d'épouser un riche héritier, en tout cas, si vous ne l'êtes pas vous-même. En effet, "les héritiers se marient entre eux", selon une étude réalisée par Nicolas Frémeaux de l'université de Cergy-Pontoise, publiée dans le dernier numéro de la revue trimestrielle Population .

Cet ancien thésard de l'économiste Thomas Piketty n'y va pas par quatre chemins : "L'absence de patrimoine hérité est un handicap si l'on veut être en couple avec un héritier", indique-t-il. Les grands sentiments en prennent un coup. "Il est très improbable pour une non-héritière d'être en couple avec un riche héritier", précise encore l'étude. Et le chercheur en mathématiques d'asséner : "Nous montrons et prouvons que l'héritage importe dans les décisions matrimoniales".

Pour le prouver, Nicolas Frémeaux s'est basé sur l'enquête Parimoine de l'Institut national statistiques des études économiques (Insee) qui passe au peigne fin les biens de 10.000 ménages français entre 1992 et 2010. Gaëlle Dupont décortique la méthodologie de l'universitaire sur Le Monde.fr. "Il a pris non en compte non seulement le patrimoine, mais aussi l'héritage espéré en fonction du patrimoine des parents, ainsi que le niveau des revenus issus du travail de chacun des membres du couple (qu'il soit marié ou non).

Et le résultat est sans appel. "L'homogamie (proximité d'origine sociale des couples, ndlr) est plus forte pour l'héritage que pour les revenus". En clair, les héritiers vivent et se reproduisent la plupart du temps entre héritiers et ne concèdent même pas à s'unir avec des personnes à gros revenus si ces dernières n'ont pas de fortune familiale. Le patrimoine prend donc le pas sur la fiche de paie. Autant dire que le quidam à salaire moyen et non issu d'une riche lignée n'a, pour ainsi dire, aucune chance.

"Ce n'est pas une surprise, tous les travaux de Piketty ont montré ce retour du patrimoine et des héritiers dans la société, mais c'est la première fois qu'on le quantifie ainsi", déclare Nicolas Frémeaux à l'AFP. Un entre-soi entretenu notamment par les rallyes, ces soirées mondaines au cours desquelles les patrimoines se côtoient. Une stratégie sciemment mise en place, selon le chercheur, pour "éviter de mauvais mariages".