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Erno Rubik, 50 ans dans l'ombre du célèbre cube
Publié le 21 mai 2024 à 08:35
Par Terrafemina avec AFP
Un jour de printemps 1974, dans sa chambre emplie d'un bric-à-brac de papiers et ficelles, Erno Rubik eut l'idée de relier des petits cubes en bois. Sans se douter que...
L'inventeur hongrois Erno Rubik lors d'un entretien avec l'AFP à Budapest le 29 avril 2024 L'inventeur hongrois Erno Rubik lors d'un entretien avec l'AFP à Budapest le 29 avril 2024© AFP, ATTILA KISBENEDEK
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Un jour de printemps 1974, dans sa chambre emplie d'un bric-à-brac de papiers et ficelles, Erno Rubik eut l'idée de relier des petits cubes en bois. Sans se douter que son invention allait conquérir le monde.

Un parcours "incroyable", souffle toujours étonné, le Hongrois de 79 ans lors d'un rare entretien accordé à l'AFP à Budapest.

Cinquante ans plus tard, le Rubik's Cube est comme son "enfant prodige", qu'il est "épuisant" de suivre partout et dont la "gloire" éclipse ses géniteurs, raconte le discret personnage, en jeans et sandales.

Alors simple professeur d'architecte et de design, il n'avait "pas l'ambition de laisser une marque dans le monde", avouait-il dans un livre publié en 2020. Mais sa curiosité et son goût des puzzles et défis géométriques le propulseront dans une autre dimension. 

Après de nombreux prototypes pour trouver le mécanisme idoine et des jours à se casser la tête pour résoudre l'énigme, Erno Rubik dépose le brevet en 1975. 

Deux ans plus tard, le coloré "Magic Cube" en 3x3x3- rebaptisé ensuite à son nom - débarque dans les magasins de jouets du pays communiste avant de partir à l'assaut des Etats-Unis.

Son inventeur se souvient de son "premier voyage à l'Ouest", derrière le Rideau de fer, muni d'un précieux passeport bleu normalement réservé aux diplomates. Comme dans "un conte de fées".

- 43 quintillions de solutions -

Depuis sa création, il s'en est vendu plus de 500 millions d'exemplaires, sans compter les millions de contrefaçons, faisant mentir ceux qui avaient prédit son déclin.

L'inventeur hongrois Erno Rubik lors d'un entretien avec l'AFP à Budapest le 29 avril 2024 © AFP, ATTILA KISBENEDEK

Malgré l'omniprésence des écrans, "les nouvelles générations ont noué un lien fort" avec le cube low tech, dans un "contraste" saisissant, se félicite Erno Rubik en manipulant l'objet culte.

Alors que dans un monde numérique, "nous oublions comment nous servir de nos mains", pourtant "nos premiers outils", il nous ramène "aux merveilles du monde réel", ajoute-t-il. "On ne fait pas que réfléchir, on fait quelque chose de concret".

Le Rubik's Cube fascine par le nombre de positions possibles pour trouver l'ordre à partir du chaos: il en existe plus de 43 quintillions, un quintillion correspondant à un milliard de trilliards.

Il faudrait "des centaines, des milliers d'années pour en venir à bout", s'enthousiasme son concepteur, qui évoque aussi "l'aspect émotionnel" derrière le succès de cette  "oeuvre d'art qu'on aime ou qu'on déteste".

Au fil des ans, Erno Rubik a bâti une collection, comme on rassemble "des photos de famille". Il a recensé par exemple quelque 1.500 couvertures de magazines, le cube étant devenu "un symbole de complexité" pour illustrer des problèmes géopolitiques ou des casse-têtes électoraux.

- "Il paie ma retraite" -

Apparu aussi dans de nombreux films, des documentaires pointus aux productions hollywoodiennes, il a donné lieu à de multiples compétitions. 

L'inventeur hongrois Erno Rubik lors d'un entretien avec l'AFP à Budapest le 29 avril 2024 © AFP, ATTILA KISBENEDEK

Pour célébrer la rapidité ou encore des talents insolites: en parachute, avec les pieds, à l'aveugle, en faisant le poirier, rappelle le génial inventeur, s'exprimant dans une salle de l'institut Aquincum de technologie où il donne encore parfois des conférences.

Exposé au MoMa de New York, le populaire jouet a inspiré une foule d'artistes tel Invader, star mondiale du Street Art. 

Outil éducatif de la maternelle à l'université, prisé dans les maisons de retraite, il peut aider les autistes, à l'image de la vedette américaine du "speedcubing" Max Park, champion du monde en 3,13 secondes... quand il fallait une minute en 1980 à Erno Rubik.

Si le professeur hongrois n'aime pas la lumière, le cube lui "paie sa retraite" qu'il partage entre Hongrie et Espagne, sourit-il, et lui a permis "de vivre de manière indépendante toute sa vie", sans souci financier.

Il confie ce "sentiment très agréable d'avoir accompli quelque chose de bien pour les gens" quand il observe le visage concentré des amateurs du Rubik's Cube, leur joie au bout de l'effort. 

"J'ai reçu tant de remerciements. Le cube a créé des mariages et tant d'autres choses".

anb/bg/emd

© Agence France-Presse

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