C'est un crime qui a provoqué la stupeur dans tout le pays. Mercredi 13 octobre, dans un train de banlieue de Philadelphie, une jeune femme a été violée par un homme aux alentours de 22 heures. D'après le New York Times et les autorités dépêchées sur place, personne parmi les passager·e·s du wagon n'est intervenu·e. Deux, en revanche, ont filmé la scène qui aurait duré 6 minutes, sans pour autant apporter leur aide à la victime.
"Des gens ont été témoins de cet acte et avaient leurs téléphones dans les mains", déclarait, visiblement atterré, Thomas Nestel III, le chef de la police de la Southeastern Pennsylvania Transportation Authority (SEPTA, la compagnie ferroviaire concernée), lors d'une conférence de presse tenue lundi 18 octobre. "Des gens avaient leur téléphone pointé en direction de la femme qui était attaquée", répétait-il.
Grâce aux vidéos de surveillance et à l'intervention d'un employé de la compagnie, qui a prévenu les autorités, le violeur a pu être interpellé et incarcéré. Il s'agirait de Fiston Ngoy, déjà condamné pour agression sexuelle par le passé. L'homme se serait assis à côté de la jeune femme vers 22 heures en "essayant de la toucher plusieurs fois", rapporte le porte-parole de la SEPTA, Andrew Busch. La victime a tenté de le repousser, et "il a malheureusement commencé à lui arracher ses vêtements", avant de commettre l'irréparable sous les yeux de nombreux témoins.
Un crime qui rappelle le drame glaçant dont ont été témoins des usager·e·s du train Paris-Melun, quand une femme avait été elle aussi violée sans que personne ne réagisse.
"Plus il y a de témoins et moins il y a de chance que quelqu'un intervienne chacun pensant que, de toute façon, il ne va pas intervenir puisqu'il y a plein d'autres gens qui le pourraient autour de lui", analysait alors la psychiatre Muriel Salmona dans Le Plus. L'experte invoquait également un phénomène sociologique écoeurant : "La banalisation, la tolérance et la minimisation de ce type d'agression qui règnent encore dans notre société bien imprégnée de stéréotypes sexistes".
Aux Etats-Unis, l'heure est au choc. "Je suis consterné par ceux qui n'ont rien fait pour aider cette femme", a déclaré le commissaire de police, Timothy Bernhardt, au journal américain. "Quiconque était dans ce train doit se regarder dans le miroir et se demander pourquoi il n'est pas intervenu ou pourquoi il n'a pas fait quelque chose".
Jeudi 21 octobre, le procureur Jack Stollsteimer a toutefois affirmé "douter" que les passager·e·s se soient contenté·e·s d'observer la scène sans rien faire, ajoutant que "les habitants de cette région ne sont pas, d'après mon expérience, des êtres si inhumains, si insensibles, qu'ils vont rester assis là et regarder ce qui se passe".
Le commissaire Bernhardt a par la suite tenu à préciser : "Ce que j'ai affirmé à l'époque, et ce que j'affirme aujourd'hui, c'est qu'il y avait des gens qui montaient et descendaient et qui, selon moi, auraient pu intervenir et faire quelque chose". Et de poursuivre : "Cela ne veut pas dire qu'ils étaient assis là à filmer, mais comme l'a dit le procureur, il y avait beaucoup de personnes qui montaient et descendaient et qui en ont été témoins. Ce qu'ils ont vu ou ce qu'ils ont pensé, je ne le sais pas, parce que nous n'avons pas pu leur parler." A suivre.