18% : c’est la part des couples en situation de divorce amiable qui ont recours à la garde alternée en France. Ce système, qui est donc loin d’être la norme actuellement, pourrait bien le devenir dans les prochaines années. En effet, l’Assemblée nationale vient d’adopter la loi confirmant l’exercice de l’autorité parentale conjointe et de la résidence alternée. L’objectif : mettre fin au « choix binaire » entre la garde alternée et celle au domicile d'un seul parent. Lors d’une séparation, les parents devront désormais privilégier cette solution sur toute autre, et ce, sans préjuger du temps passé chez l’un ou chez l’autre.
Mais cette mesure est toutefois loin d’être au goût de tout le monde. Ainsi, de nombreux pédopsychiatres, psychologues et autres professionnels de l’enfance ont lancé une pétition contre la « résidence alternée imposée à tout âge ». Forte de quelques 6 300 signatures, le texte affirme que « le projet de loi envisageant la résidence alternée paritaire comme mode de garde prioritaire en cas de séparation parentale fait courir un risque prouvé pour le développement affectif des enfants » et réclame que soit inscrite dans la loi « l'interdiction d'ordonner une résidence alternée pour un enfant âgé de moins de six ans, sauf accord librement consenti par les deux parents ».
Psychiatre et expert auprès de l’Assemblée nationale et du Sénat, Pierre Lévy-Soussan est de ceux qui jugent que la mesure va à l’encontre des besoins et du bien-être de l’enfant. « La résidence alternée que cette loi voudrait proposer quasi-systématiquement, ou en tout cas généraliser, n’est absolument pas adaptée aux enfants de moins de six ans. Cette notion arithmétique égalitaire et paritaire entre le père et la mère est tout à fait illusoire par rapport à l’enfant et ne tient pas compte de son intérêt », a-t-il fait savoir à Radio Vatican. Et de poursuivre : « À cet âge, l’enfant a des besoins très asymétriques, très complémentaires entre le père et la mère. Ça ne veut pas dire que le père n’est pas important mais que chacun a un rôle particulier à jouer à chaque étape de la vie de son enfant. Ne pas en tenir compte, en particulier pour les bébés et les plus jeunes, c’est quelque chose qui peut totalement perturber leur développement psychique ».
>> La garde alternée <<
À l’inverse, Arnaud Régnier-Loilier, chercheur à l'Ined, est lui un fervent défenseur du maintien du lien père-enfant et de la généralisation de la garde alternée. « Plusieurs études ont montré qu’elle avait un effet positif sur son bien-être moral et affectif », nous expliquait-il l’année dernière, soulignant que ce système permettait en outre « aux deux parents de garder une quotidienneté avec leur fille ou leur fils ». Une analyse qu’il avait cependant immédiatement nuancé par le fait que la garde alternée « est davantage envisageable dans le cas d’une séparation consensuelle que conflictuelle ».