On la croyait en voie d'extinction il y a encore quelques mois. Mais la guerre en Syrie demeure à ce jour plus meurtrière que jamais. Depuis le 18 février, la Ghouta orientale, enclave située à une vingtaine de kilomètres de la banlieue est de Damas, la capitale syrienne, et dernier fief des forces rebelles opposées au régime Bachar al-Assad, se retrouve sous le coup des bombes et des raids aériens orchestrés par les forces militaires du pouvoir syrien. Comme le rappelle Le Monde, depuis le 18 février, 590 civils ont été massacrés- dont près du quart seraient des enfants, selon l'OSDH (Observatoire syrien des droits de l'Homme).
Jusqu'au 20e siècle, la Ghouta (qui signifie "terre luxuriante" en syrien) était réputée pour ses terres fertiles et ses arbres fruitiers, avant que ses petits villages d'agriculteurs ne disparaissent au profit de l'extension urbaine de Damas. Aujourd'hui, la ville est assiégée par l'armée syrienne depuis 5 ans, après une attaque au gaz sarin survenue en août 2013. Il s'agit du plus long siège militaire de l'histoire moderne.
Dans ce territoire qui compte près de 400 000 habitants, vivent de nombreux enfants. D'après l'UNICEF, près de la moitié des habitants de la Ghouta sont des enfants. Parmi eux, Muhammad Najem, 15 ans. Sur son compte Twitter, cet adolescent filme les rues bombardées et interpelle la communauté internationale sur l'horreur de la guerre qui sévit dans son pays. "Les enfants de la Ghouta meurent chaque jour des bombardements du régime d'al-Assad et de la Russie", dénonce-t-il. Selon un rapport de l'Unicef dévoilé en novembre dernier, 11,9% des enfants de la Ghouta de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë.
"Nous savons que vous en avez marre de voir du sang. Mais nous continuerons à vous interpellez. Bashar al-assad, Poutine et Khaminei ont tué notre enfance. Sauvez-nous avant qu'il ne soit trop tard. Quel est ce monde capable d'envoyer des machines sur Mars mais ne peut rien faire pour arrêter ceux qui tuent les gens ?"
Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, Muhammad Najem interpelle la communauté internationale et dénonce un génocide orchestré par le président syrien, le président russe Vladimir Poutine, et l'Ayatollah Sayed Ali Khamenenei, Guide suprême de la République islamique d'Iran. À l'international, l'Iran et la Russie représentent les deux alliés les plus proches du régime Bachar al-Assad.
Samedi 24 février, les pays membres de l'ONU ont voté un cessez-le feu immédiat dans la Ghouta d'un mois. L'accord a été violé dès le lendemain matin. "Les raids ont repris dimanche matin, avec deux frappes contre le secteur de Chifouniya, à la périphérie de Douma", la grande ville de la Ghouta orientale, a précisé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), l'une des principales sources d'information sur le bilan du conflit en Syrie.
Dix jours plus tôt, l'ONU a déclaré que la situation en Syrie devenait "incontrôlable". "C'est l'un des moments les plus "violents, préoccupants et dangereux depuis le début de la guerre", estime l'émissaire de l'ONU Staffan de Mistura, à propos du conflit syrien déclenché sept ans plus tôt.