À 29 ans, la belge Hanne Gaby Odiele est l'une des mannequins les plus demandées sur les défilés. Depuis 2005, date à laquelle elle a signé dans une grande agence de mannequinat, la jeune femme belge a défilé pour les maisons de couture les plus prestigieuses – Chanel, Givenchy, Prada – et a posé pour les campagnes de Dior, Alexander Wang, Mulberry ou encore Balenciaga.
Un CV prestigieux qui rend d'autant plus courageuse la révélation qu'elle a faite sur son compte Instagram : Hanne Gaby Odiele est intersexuée. "Aujourd'hui est certainement le jour le plus important de ma vie, j'ai décidé de vous annoncer à tous que je suis #intersexuée, je veux éveiller les consciences et mettre en lumière les opérations irréversibles et non nécessaires que l'on doit supporter quand on est enfant. #Stop IGM Intersex Genital Mutilation", écrit-elle en légende de la vidéo.
"Je suis née avec le syndrome d'insensibilité aux androgènes", explique Hanne Gaby dans le clip, réalisé pour l'association Advocates for Intersex Youth. Cela signifie qu'elle est née avec les chromosomes XY mais que ses testicules ne sont jamais descendus. Quand Hanne Gaby a eu 10 ans, ses parents lui ont dit que si elle n'était pas opérée, elle pourrait avoir un cancer et ne développerait pas comme "une fille normale". Elle a donc subi une intervention très douloureuse pour se faire ôter les testicules, qui l'a marquée à vie. "Les intersexués naissent avec des organes génitaux qui ne collent pas à la définition classique de mâle et femelle. Comme la plupart des enfants intersexués, j'ai été opérée de façon irréversible et sans mon consentement. Ces opérations m'ont fait plus de mal que de bien. Ce n'est pas si rare, 2% de la population naît intersexué. C'est aussi fréquent que de naître roux."
À 18 ans, alors qu'elle avait déjà commencé à travailler comme mannequin, Hanne Gaby Odiele a à nouveau subi une chirurgie vaginale reconstructive, tout aussi pénible.
C'est pour cette raison, et pour "empêcher d'autres enfants de souffrir autant qu'elle" que la jeune femme a décidé de révéler son histoire. Dans un long entretien accordé à USA Today, Hanne Gaby Odiele explique vouloir faire prendre conscience aux médecins et aux parents d'enfants intersexués du traumatisme que causent ces interventions. "Je suis fière d'être intersexuée, mais très en colère que ces chirurgies se produisent toujours", explique-t-elle. "Ce n'est pas un si gros problème d'être intersexuée. S'ils se montraient honnêtes dès le début... C'est devenu un traumatisme pour moi à cause de ce qu'ils m'ont fait."
Il y en a un en tout cas qui n'est pas peu fier du courage dont a fait montre Hanne Gaby Odiele : son mari John Swiatek, également mannequin, n'a pas caché l' "immense fierté" qu'il éprouve pour sa femme. Il a ajouté : "Je suis très impressionné par sa décision de défendre les enfants intersexués afin de leur donner l'occasion de se faire une idée de leurs corps, contrairement à l'absence d'options et d'informations dont a pâti Hanne."
D'après le Guardian, il existe au moins 40 variations d'intersexualité, allant de la variation génétique, à celle chromosomique, anatomique ou hormonale. L'ONU et l'OMS ont condamné les chirurgies génétiques non consenties sur les enfants intersexuels en tant que violation des droits humains.