Environ 200 femmes du groupe « Femmes du Mur » se sont rassemblées ce lundi devant le Mur des Lamentations à Jérusalem, pour tenir leur célébration mensuelle, incluant une cérémonie de Bat Mitzvah, et le chant de l’hymne national, « Hatikva ». Mais les féministes ont été retenues par une foule de femmes ultra-orthodoxes les empêchant d’accéder au site.
Pour prévenir toute montée de violence, les policiers ont alors décidé de déménager la cérémonie un peu plus loin du mur. Mais le choix de la nouvelle zone de prière assignée aux femmes, le parking d’un commissariat de police, a provoqué l’indignation de la présidente des « Femmes du Mur », Anat Hoffman. « Les policiers laissent les intimidateurs diriger nos vies », se plaint-elle. Selon cette dernière la zone proposée était située « à côté de la sortie, à côté des toilettes ».
Dans le vacarme des cris et des insultes de la foule qui manifestait contre elles, les « Femmes du Mur » ont poursuivi leur office malgré tout. Pendant ce temps, dans la zone, les hommes qui priaient se sont armés d’écouteurs, et leurs prières ont été diffusées sur microphones, de façon à étouffer les voix des femmes. Le New York Times rapporte les propos d’une jeune fille de quinze ans dans la foule orthodoxe : « C’est tellement triste de voir ces femmes dans l’endroit plus sacré du monde. »
Depuis 25 ans, ce groupe de femmes israéliennes baptisées les « Femmes du Mur » effectue un pèlerinage chaque premier jour du mois juif devant le Mur des Lamentations, l’un des sites les plus sacrés du judaïsme, pour prier, bien que cet endroit soit traditionnellement réservé aux hommes. Le groupe féministe tâche de « faire reconnaître le droit aux femmes de porter les châles de prière ou tallits, de prier, et de lire collectivement et à haute voix la Torah devant le mur des Lamentations ». Une mission de longue haleine.
La bataille a en effet refait surface en décembre 2012. Alors que les « Femmes du Mur » contournaient depuis des années l’interdiction formelle de porter le tallit et de prier devant le Mur, le rabbin ultra-orthodoxe, Rabbi Shmuel Rabinovitch, a émis un nouvel ordre interdisant l’accès au site pour toutes les femmes. Cette mesure a provoqué la colère des juifs du monde entier, soulignant la rupture entre l’état juif, où les ultra-orthodoxes contrôlent les règles de la société, et la diaspora, où la voix progressiste est plus répandue.
Les « Femmes du Mur » ont néanmoins remporté une première victoire. En avril dernier, un tribunal de Jérusalem a libéré sans conditions 5 femmes qui avaient été accusées de troubler l’ordre public en portant des châles de prières et en chantant devant Le mur. Un verdict qui devrait ouvrir la voie à une autorisation officielle pour les femmes de porter ces châles et d’autres vêtements religieux qui sont traditionnellement réservés aux hommes. Le gouvernement israélien travaille actuellement à la rédaction d’une nouvelle loi censée réglementer le protocole du site religieux.
Malcolm Salovaara
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