Les présentateurs TV sont souvent hilares, lorsqu'il répètent la ritournelle : "On dit merci qui ? Merci Jacquie et Michel". Il y a rarement d'explications qui suivent, et pour cause : il est difficile de dire à des heures de grandes écoutes que ce qui fait rire, c'est un site porno pas comme les autres.
En principe, un site de films porno - s'il n'est pas de niche - propose sensiblement la même chose que son voisin, qu'il soit également le producteur des films ou pas. On est dans l'abondance, sans distinction. Mais en France, il y a cette exception qui nous ressemble, Jacquie & Michel. Avec son nom provincial, un casting d'hommes et de femmes semblables à ceux que l'on peut croiser dans la vraie vie (ils ont le droit de ne pas être très sexy, ne sont pas jeunes, un peu mal habillés...), avec un cheptel de de fornications tournées aux quatre coins de France, proposant presque une cartographie sexuelle de notre pays, riche d'accents et de compositions de groupe variées, le vrai plus de ce site réside peut-être dans son idée moteur : chaque fin de séquence se termine avec les participants criant en choeur : "On dit merci qui ? Merci Jacquie et Michel". Ainsi, le site porno Jacquie et Michel remporte tous les suffrages de l'internet français.
Mais quel est ce couple "middle-class", qui défend le sexe à la papa, avec des filles gourmandes et toujours contentes de répondre aux questions du caméraman, même à quelques secondes de leur orgasme ? Nul ne sait, personne ne les a jamais vus. Mais les têtes pensantes de cet empire ont mis au point une recette qui fonctionne.
Officiellement, c'est l'histoire d'un couple d'instituteurs du sud-ouest de la France, qui aurait commencé avec un site de petites annonces à caractère sexuel, ou de photos explicites. Puis, en 2007, l'accès internet évoluant, les annonces sont devenues des vidéos tournées comme des sextapes : tout est bon enfant, avec l'air amateur d'un film tourné à la maison, dans toutes les provinces de France, avec des hommes qui se réjouissent de coucher devant des caméras et sont prêts à en parler tout en baisant. Parce qu'il ne faut toujours faire parler de soi, ils trouvent régulièrement de quoi alimenter les médias: un film est tourné sous le pont du Gard, un autre avec une participante de Secret Story (Cindy Lopes), ou bien à Loué, trop près des poulets, ou en Belgique, dans une friterie, même les abords d'un lycée ne sont pas un obstacle pour eux. Tous ces mini-scandales assurent si bien la publicité.
L'année dernière, le chiffre d'affaire de la société a augmenté de 25%. Elle se porte bien avec une trentaine de sites - dont des sites de rencontres, de webcams ... -, environ 500 films produits annuellement (un record en France), des soirées organisées dans toutes nos provinces, ventes de sextoys et merchandising inclus. Le rétro provincial s'allie fort bien avec la technologie : depuis le mois dernier, le site "Jacquie et Michel Immersion", permet de profiter d'orgies ou autre spectacle licencieux en 3D. Environ 9 millions de Français, tous les mois, se régalent de ces scènes de sexe au charme presque désuet. Il y a un bémol : les femmes le font surtout pour boucler leurs fins de mois, en sous-estimant la popularité du site et les conséquences tragiques pour elles.
Mais Jacquie n'est pas la seule femme qui s'en sort bien : celles qui regardent des films où leurs congénères peuvent être pulpeuses, d'âge mûr, où les seins ballottent et où la chair est appétissante quels que soient ses défauts, savent que le plaisir se partage en toutes circonstances, à n'importe quel âge et quel que soit l'aspect du corps. " On dit merci qui ? Merci Jacquie et Michel."