Côté retentissement médiatique, elle a déjà le Prix ! Pas un journal, pas une télé qui n’ait son interview “exclusive” ou sa séance photos. Ici, sur la Croisette, Juliette Binoche est partout. Absolument partout. Et même – grande première ! – sur l’affiche du Festival de Cannes alors qu’elle y présente son dernier film dans la compétition, Copie conforme, de l’Iranien Abbas Kiarostami, palme d’or 1997 pour Le goût de la cerise.
On la sait généreuse et vaillant petit soldat n’hésitant jamais à monter au front mais rarement, on l’a vue se dépenser autant pour un film. C’est bien qu’elle y tient tout particulièrement. Pas étonnant : le film est né de sa rencontre avec Kiarostami et de leurs conversations – c’est même elle qui, en Iran, a rédigé les contrats sur deux bouts de papier qu’ils ont « signés» de leurs empreintes digitales, et qui, de retour à Paris, a convaincu Marin Karmitz de le produire ! Si elle y tient autant, c’est d’abord parce que ce n’est pas qu’un film de plus mais bien une expérience singulière avec un metteur en scène singulier… Cette discussion à bâtons rompus entre un écrivain anglais et une galeriste française dans un petit village de Toscane sur la vie, l’amour, l’art, le couple, le désir rejoint de manière très forte ses propres interrogations. Sa quête absolue de l’absolu. Son désir infini d’infini. D’autant qu’on ne sait jamais s’il s’agit d’un couple qui se retrouve ou d’amants qui se découvrent, ou simplement d’un homme et une femme – l’un intellectuel, l’autre, émotive ; l’un raisonneur, l’autre déraisonnable - qui s’amusent à faire comme si…
Et c’est justement pour cette dimension « ludique» que Juliette Binoche tient sans doute autant à ce film. Jamais, elle n’avait eu un terrain de jeu, un champ d’exploration aussi vaste, aussi ouvert, aussi libre, aussi riche. Au-delà du propos, c’est d’ailleurs dans sa « performance» (au sens le plus artistique du terme) que réside le plaisir essentiel du film. Ce n’est pas tellement un personnage qu’elle interprète mais un large éventail d’émotions, de sentiments, d’énergies, de mouvements. Comme si ce personnage était la synthèse de tous ceux qu’elle a déjà joués et de tous ceux qu’elle s’apprête à jouer. Comme si cette femme cachait toutes les autres, ou mieux comme si elle les révélait toutes. Pour Juliette Binoche qui se revendique comme une « capteuse d’âme et d’énergie», on imagine bien tout ce que cette aventure a pu représenter… Radieuse, belle, touchante, farouche, obstinée, elle y est tout simplement une actrice éblouissante. Tim Burton et son jury se laisseront-ils happer par sa lumière ? Réponse dimanche soir.
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