Depuis quelques jours, un scandale ébranle l'ONG Oxfam. La confédération internationale d'organisations humanitaires dont le siège se situe à Oxford (Grande-Bretagne) est accusée d'avoir engagé de jeunes prostituées à Haïti en 2011 pour des contributeurs en mission dans le pays suite au puissant séisme survenu en 2010, révèle une enquête publiée vendredi dans The Times. Selon le quotidien britannique, les jeunes prostituées auraient été invitées dans des maisons et des hôtels par des employés d'Oxfam, aux frais de l'ONG. L'article mentionne notamment des soirées sexuelles ainsi qu'une vidéo montrant une orgie dans laquelle les jeunes femmes étaient vêtues de tee-shirts estampillés du logo d'Oxfam.
En août 2011, une enquête interne avait été ouverte, conduisant à quatre licenciements et trois démissions. Mais d'après l'article du Times, aucune autre ONG n'a été informée des agissements des employés d'Oxfam. L'auteur de l'article explique que ce silence aurait permis à ces anciens employés d'obtenir un poste dans une autre ONG et de retravailler sur des missions auprès de personnes vulnérables. Le journaliste cite notamment Roland van Hauwermeiren, ancien directeur du bureau d'Oxfam de Haïti, qui a démissionné en cours d'enquête après avoir admis qu'il avait engagé des prostituées. En 2014, il a été nommé chef de mission pour Action contre la faim au Bangladesh. "Nous avons reçu des références positives de la part d'anciens employés d'Oxfam – à titre individuel – qui ont travaillé avec lui", a révélé le porte-parole d'Action contre la faim.
Ces révélations fracassantes ont déclenché de vives réactions à Londres. "Je leur donne l'occasion de me dire en personne ce qu'ils ont fait après ces événements et je vais voir s'ils démontrent les qualités morales dont je pense qu'ils ont besoin. S'ils ne transmettent pas toutes les informations qu'ils détiennent sur l'affaire, je ne travaillerai plus avec eux", a déclaré ce dimanche au micro de la BBC Penny Mordaunt, secrétaire d'État britannique du Développement international, qui doit rencontrer les responsables d'Oxfam ce lundi 12 février. Pour l'ONG, la perte du soutien du gouvernement britannique s'avérerait lourde de conséquence. En effet, 10% du financement d'Oxfam est assuré par le département britannique chargé du développement international.
"Le comportement, découvert à Haïti en 2011, de certains membres du personnel d'Oxfam était totalement inacceptable, contraire à nos valeurs et aux exigences élevées que nous attendons de notre personnel", a écrit Oxfam dans un communiqué publié vendredi. Deux jours plus tard, la présidente du conseil d'administration d'Oxfam Caroline Thomson a annoncé un ensemble de mesures pour renforcer la prévention et le traitement des affaires d'abus sexuels.
"La priorité d'Oxfam est de soutenir les femmes et les filles victimes d'exploitation et de veiller à ce que l'abus sexuel soit exclu de notre organisation. Notre travail de promotion des droits des femmes, en particulier dans les situations de vulnérabilité, est au coeur des valeurs d'Oxfam. En tant qu'organisation luttant pour les droits des femmes dans le monde, nous avons la responsabilité particulière de protéger les personnes avec lesquelles nous travaillons, nos bénévoles, nos partenaires et notre personnel contre le harcèlement sexuel, l'exploitation et les abus", a-t-elle écrit dans un communiqué publié ce dimanche sur le site de l'ONG.