Culture
« Un baiser papillon » : l'Interview de Karine Silla Perez
Publié le 28 mai 2011 à 09:00
Par Marine Deffrennes
Pour son premier long-métrage en tant que réalisatrice, Karine Silla Perez voulait décrire la vie dans toute son intensité et sa gravité. Pari réussi avec « Un baiser papillon », qui réunit Cécile de France, Elsa Zylberstein, Valeria Golino, et Vincent Perez dans un film élégant et bouleversant en salles le 1er juin. Interview.
« Un baiser papillon » : l'Interview de Karine Silla Perez « Un baiser papillon » : l'Interview de Karine Silla Perez© Crédit photo : Vincent Perez
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Le pitch : Billie et Louis ont la chance de s'aimer passionnément et d'avoir une famille. Jusqu'au jour où une terrible nouvelle vient faire basculer leur existence et celle de leurs proches. Marie, l'amie de Billie, sa confidente et comédienne reconnue, redouble d'acharnement pour donner la vie tandis qu'Alice son infirmière, combattante pour la liberté, lui maintient que la vie « c'est maintenant et dans l'instant ». C'est un film sur l'amour, sur l'espoir et sur la certitude que la force de la vie, malgré les plus dures épreuves, reprendra toujours le dessus.

Karine Silla Perez est actrice (« Je vais te manquer » de Amanda Sthers, « Il est plus facile pour un chameau », de Valeria Bruni-Tedeschi ), scénariste (« Peau d’ange » de Vincent Perez) et réalisatrice. Elle est l’épouse de Vincent Perez et la mère de leurs deux enfants.

Terrafemina : « Un baiser papillon » est votre premier long-métrage en tant que réalisatrice, comment est né ce projet ?

Karine Silla Perez : Le point de départ est une histoire que j’ai vécue. J’ai composé des portraits des personnes qui m’avaient marquées durant cette période de ma vie. J’ai une passion pour les relations humaines, et j’aime explorer et comprendre ce qui me lie aux autres. Je voulais faire un film sur l’amour filial, la famille, les rencontres et les amis qui nous font avancer. Il y a plusieurs histoires dans ce film, toutes concernent une épreuve, la maladie, le secret, la difficulté d’avoir des enfants ou de ne pas en avoir. Le regard des enfants sur la vie et la mort est aussi très important, je voulais faire ressortir à la fois le bonheur et la gravité, l’intensité et l’émotion, dans un film qui ressemble à la vie.

TF : Cette histoire met en avant des vies de femmes, dans leur rôle de mère, leurs ambitions professionnelles et les épreuves de la maternité ou de la maladie. Vouliez-vous insister sur la complexité de leurs quotidiens ?

K. S. P. : C’est vrai que notre société est encore très machiste, et pour les femmes la vie peut sembler difficile sur certains aspects. Les personnages féminins de mon film sont très combatifs, parce que les femmes de ma famille étaient des battantes, et je suis d’origine bretonne et sénégalaise, une société matriarcale. Néanmoins, j’éprouve une tendresse infinie pour les hommes, et les personnages masculins du film sont très riches. Lors des premières projections, les hommes sont ressortis encore plus bouleversés que les femmes, ils ruisselaient de larmes ! Je crois que le personnage joué par Vincent les touche, ils se reconnaissent en lui et dans ses réactions face à une épreuve insupportable pour un mari et un père.

TF : Vous avez réuni un casting prestigieux : Cécile de France, Elsa Zylberstein, Valeria Golino, entre autres. Comment avez-vous choisi vos comédiens ?

K. S. P. : J’ai choisi des êtres humains que j’admirais, pas forcément en fonction de leur palmarès d’acteur. J’ai dû me battre pour finir ce film, le montage financier a été un vrai casse-tête, et je n’avais pas choisi des acteurs à la mode. On a sans cesse voulu changer mon casting. C’est grâce à l’aide de nombreux artistes, qui ont aimé et soutenu le film, que j’ai pu aller au bout.

TF : La musique joue un rôle de premier plan, elle est signée Angelo Badalamenti, compositeur américain primé plusieurs fois notamment pour la bande-originale de « Mullholland Drive ». Comment avez-vous obtenu qu’il travaille sur votre film ?

K. S. P. : Je suis passionnée d’art en général, et la musique me bouleverse, c’était un aspect très important du film. J’aime beaucoup le travail d’Angelo Badalamenti, je le trouve raffiné et fin, mais je n’avais absolument pas les moyens de faire appel à lui. Comme je n’ai trouvé aucun compositeur aussi doué, je me suis lancée et je lui ai envoyé une copie du film à Los Angeles. Il m’a rappelée en me disant qu’il m’offrait la musique parce qu’il avait aimé le film.

TF : Vos enfants, Roxane et Iman, figurent dans le casting, ainsi que votre époux, Vincent Perez. Comment fait-on pour diriger son mari dans un film ?

K. S. P. : En fait nous travaillons ensemble depuis longtemps, j’ai écrit plusieurs films dans lesquels il a joué. Nous arrivons très bien à ne pas faire l’amalgame entre notre couple et nos projets artistiques. L’affect n’intervient plus lorsqu’on est dans un film, cela devient obsessionnel. Finalement c’est très agréable de pouvoir en discuter le soir avec quelqu’un d’aussi doué que lui. Ce film représente un travail de deux ans à temps plein, je pense qu’il est assez insupportable de vivre avec un artiste quand on n’a pas la même vie.

« Un baiser papillon » de Karine Silla Perez, le 1er juin au cinéma.

Crédit photo : Vincent Perez


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