Barbie aurait-elle enfin réussi son incursion dans le 21e siècle ? Après une campagne de pub flirtant avec le féminisme (même si les critiques ont trouvé à y redire), Mattel a eu la bonne idée de mettre en vente sa poupée Ava DuVernay. Créé en avril dernier, le jouet faisait partie de la collection Shero dédiée à six femmes puissantes et inspirantes. En plus de la réalisatrice afro-américaine nommée aux Oscars pour le film Selma, on retrouvait également des poupées de l'actrice et activiste Emmy Rossum, de la star de Broadway Kristin Chenoweth, de la chanteuse de country Trisha Yearwood, de l'éditrice du magazine Lucky Eva Chen, et de la mini styliste âgée de 5 ans, Sydney Keiser. Néanmoins, ces six Barbie ne s'étaient pas retrouvées à la vente. A la place, chaque star avait mis son double de plastique aux enchères pour l'association de son choix.
Mais après des mois d'insistance de la part des fans d'Ava DuVernay, Mattel a finalement décidé de revoir sa copie. Dimanche dernier, la marque a ainsi annoncé que la poupée allait être vendue en masse... et elle est aujourd'hui complètement sold out ! Écoulé en quelques minutes seulement sur le site de la marque et sur Amazon, le jouet devrait arriver juste à temps sous le pied du sapin pour Noël. De son côté, la réalisatrice n'en revient pas. Sur Twitter, elle a ainsi lâché : "On vient de me dire que la Barbie était en rupture de stock mais qu'il va y en avoir sur Amazon. Qu'est-ce qui se passe ? #Dingue #Fou #Whoa".
Dans une interview accordée à Buzzfeed US, Ava DuVernay a expliqué que selon elle, cette Barbie ne lui appartenait pas vraiment : "Les gens ont été nombreux à raconter pourquoi ils appréciaient vraiment cette poupée, mais ce n'est certainement pas à cause de moi. C'est une question d'image. C'est à ça qu'ils répondent. C'est une question de balance. C'est à propos de ce large spectre qui fait ce que nous sommes. Ce n'est pas assez d'avoir une seule Barbie noire... parce que les femmes noires ne sont pas un monolithe. Nous avons plusieurs types de chevelures, des occupations très différentes, des passions différentes, donc je pense que la chose à laquelle répondent les gens c'est la diversité".
Si Mattel a toujours créé des Barbie noires, il est vrai qu'elles sont généralement représentées avec des cheveux raides façon tissage. On peut noter l'apparition d'une poupée avec des micro tresses inspirée de la chanteuse et actrice Brandy en 1999 et plus récemment la création d'une poupée à l'allure de la jeune star Zendaya portant des dreadlocks, mais cette dernière n'a malheureusement jamais été mise en vente. Sur le blog Black Girl Long Hair, une jeune femme s'interroge : "Plusieurs questions me viennent à l'esprit quand je me demande pourquoi Mattel ne va pas produire de poupées Zendaya à grande échelle. Est-ce trop difficile ou trop coûteux de recréer sa chevelure ? Est-ce trop compliqué de recréer en masse les petits détails de son physique, comme les cheveux de bébé ? Mais pouvons-nous imaginer une version moins détaillée et donc moins compliquée à produire ?"
En attendant de savoir si Mattel prendra note du succès de la Barbie Ava DuVernay pour ses productions futures, reste que ce buzz est très profitable au fabricant de jouets dont le chiffre d'affaires a largement baissé ces dernières années. Écrasée par la concurrence, la marque a également eu beaucoup de mal à proposer des produits dans l'air du temps à ses petits consommateurs. Entre sa Barbie entrepreneuse toute de rose vêtue, son livre de Barbie informaticienne qui ne sait pas se servir d'un ordinateur sans l'aide de garçons et sa poupée connectée accusée d'espionner les enfants, Mattel n'est plus franchement en odeur de sainteté dans les magasins de jouets.