Historiquement, le postiche pubien avait une vraie utilité. Si Cléopâtre était connue, outre son nez, pour la beauté de ses poils pubiens , qu'elle avait longs, brillants, huilés et magnifiquement entretenus, dans l'Egypte Ancienne, la plupart des habitants devaient se raser les poils du pubis, comme ceux de l'ensemble du corps, pour échapper aux poux et aux morpions. Si les Nobles se rasaient le pubis comme les autres, ils portaient des postiches pubiens, comme un signe de richesse, les distinguant ainsi du peuple.
Plus tard, les prostituées - qui rencontraient les mêmes problèmes que les Egyptiens auxquels s'ajoutaient ceux causés par la syphilis et autres maladies sexuellement transmissibles - portaient elles aussi des perruques pubiennes, souvent faites de leurs propres cheveux, afin de cacher leur infortune à leurs clients. Puis, les progrès de la science ont permis de s'affranchir de cet artifice, en tout cas pendant un temps.
Ensuite, c'est le cinéma américain qui a remis le Merkin au goût du jour. La MPAA, l'association qui dicte les normes du cinéma américain, a fait du Merkin un produit de base, pour mieux contrôler la pudeur. Si l'interdiction de montrer une femme nue a lentement disparu à la fin des années 60, l'association a par la suite refusé le droit de montrer des organes génitaux, les Merkins ont alors permis de jouer avec la loi. Pour les acteurs, c'était aussi l'occasion de préserver un peu leur intimité, ainsi parés ils se sentaient moins nus. L'avantage était également de pouvoir coller à l'époque d'un film, le Merkin permettant de se conformer aux modes (impossible de se contenter de laisser la toison naturelle repousser, les épilations répétées ne permettent pas de retrouver le naturel de départ). Quelle actrice jouant un rôle d'époque serait crédible si son style pubien ne s'y conformait pas ? Jouer un rôle dans les années 70, par exemple, avec un ticket de métro tiendrait de la farce. De Ben Gazzara à Evan Rachel Wood en passant par Kate Winslet, Jake Gyllenhaal, Patricia Arquette, Anne Hathaway ou Sienna Miller, tous portent le Merkin comme d'autres portent la culotte. La plupart sont fait avec des cheveux humains (souvent ceux de l'acteur), puis traités pour donner un aspect plus ou moins crépu afin de ressembler aux poils pubiens.
Comme toujours, la mode suit.
Après le " Vajazzling " des années 2010 (des cristaux Swarovski qui se collaient sur un pubis bien épilé) qui n'a pas fait long feu, voilà venu le temps du Merkin. Selon le site merkinworld.com , "porter une pierce pubienne est une expérience sensorielle, qui offre une certaine jouissance aux personnes qui en portent, car la perruque est faite de vrais cheveux et elle se porte sur une zone érogène." Merkinworld.com les propose sur mesure, tandis que la marque Kitty Carpet (littéralement " tapis pour chatte ") a choisi le prêt-à-porter pour moins de 10€ pièce, vendu avec une colle adéquate (à condition d'être totalement rasée). Ils sont de toutes les couleurs, dans toutes sortes de matières, et du drapeau anglais à la peau de panthère, en passant par le faux gazon, les moustaches ou les pétales de roses, tout est possible. En Angleterre, Jamie McCartney a repris un concept de l'artiste Peter Farell, pour vendre un produit plus étonnant encore, de la peinture pour anus, dans des coloris fluo irrésistibles : rose, jaune, orange et vert, qui rappellent ceux des surligneurs, comme s'il fallait en effet mieux souligne l'anus pour se souvenir qu'il est aussi une zone érogène.
Le marketing sexuel a l'air de suivre une route bien précise. En passant par l'humour et l'imagination, il aide hommes et femmes à assumer leur corps et dédramatiser leur sexualité.