Nathalie Le Breton : Des femmes qui ont un sacré boulot ! C’est une génération exceptionnelle, qui doit s’occuper de ses propres parents et de ses enfants, tout en continuant à travailler. On est face à un modèle inédit. Le besoin de repères est tel dans notre société en crise que la famille est plus que jamais une valeur refuge, et les grands-mères sont aux avant-postes. C’est une grosse pression pour elles, même si officiellement elles ont le choix d’être moins impliquées. Elles se font malgré tout le devoir d’être présentes face à une demande forte des parents qui doivent jongler avec des difficultés de couple, de modes de garde, de travail… Les grand-mères prennent le relais et elles ont la forme pour l’assurer !
N. L. B. : Pour la plupart c’est épanouissant, notamment parce qu’elles ne sont pas que des mamies, et qu’elles sont en plus très loin des mamies gâteau d’autrefois. Elles peuvent donner plus de temps à leurs petits-enfants, souvent même plus que ce qu’elles avaient à donner à leurs enfants. Elles jouissent de cette disponibilité nouvelle et découvrent de nouvelles activités avec les petits-enfants, comme aller au musée, les accompagner à leurs cours de sport… Par ailleurs, pour avoir élevé des enfants dans la période post-soixante-huitarde, elles ont conscience de leurs limites éducatives et sont moins intrusives sur ces questions auprès de leurs filles ou fils. Elles savent prendre de la distance, relativiser, et mettent moins la pression aux enfants. Même si les grands-mères envahissantes existent toujours !
N. L. B. : Oui, ça reste un tsunami ! C’est un choc d’un point de vue identitaire, en devenant grand-mère on est immédiatement décalée d’une génération. S’ensuit un travail d’apprentissage des rôles et de la bonne distance à avoir, par rapport à ses enfants et ses petits-enfants. Il faut trouver l’équilibre juste, entre la présence et l’intrusion. Heureusement, aujourd’hui, les grands-mères osent en parler avec leurs enfants, le dialogue existe plus qu’avec la génération précédente, même si cela reste difficile. Mais les parents doivent aussi arrêter d’angoisser par rapport à ce qui se passe chez les grands-parents : chacun doit faire la part des choses entre l’éducation quotidienne des enfants et les petits écarts qui arrivent forcément chez les grands parents. Quant à l’acceptation du nouveau rôle de grand-mère, c’est aussi dans le rapport aux petits-enfants que les femmes apprennent à devenir une mamie. C’est ensuite tout un équilibre à trouver entre leurs différentes facettes : femme moderne, libre, active, mère, et désormais grand-mère, qui est un vrai rôle de diplomatie.
N. L. B. : Je dirais aux jeunes grand-mères qu’il faut surtout qu’elles s’écoutent, car c’est comme devenir mère, être une mamie, cela s’apprend. Reste que le luxe des grands-parents d’aujourd’hui, c’est de ne pas se forcer. Ils savent que la diplomatie passe plus que jamais par le dialogue avec leurs enfants et la capacité à arrondir les angles. Finalement être une bonne grand-mère c’est être là quand on a besoin de vous, savoir garder sa place, mais aussi être capable de dire non sereinement et savoir rester femme. C’est une partition subtile ! Aujourd’hui, la nouvelle génération a également la chance d’avoir le droit d’être une grand-mère qui de temps en temps n’a pas envie de l’être. Reste ensuite à vivre tout le plaisir avec le petit-enfant et à profiter de cet amour totalement gratuit. Dans un monde qui tangue, les grands-parents sont aussi le phare, les garants d’une continuité dans la famille, un repère tangible pour leurs petits-enfants.
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