Société
Lou Reed : ce qu’il faut savoir sur le "grand méchant" du rock
Publié le 28 octobre 2013 à 21:15
Par Ariane Hermelin | Journaliste Terrafemina
Mort à 71 ans, Lou Reed était une âme damnée du rock que tout le monde admirait. Entre addiction aux drogues, musique expérimentale et poésie crépusculaire, retour sur un mythe qui méprisait autant les journalistes que ceux-ci l’adoraient.
Lou Reed : ce qu’il faut savoir sur le "grand méchant" du rock Lou Reed : ce qu’il faut savoir sur le "grand méchant" du rock© Mok Yui/PAPhotos/ABACA
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Le magazine américain Rolling Stone a annoncé dimanche 27 octobre le décès de Lou Reed, figure emblématique du rock américain. Selon son agent, qui a confirmé la nouvelle au quotidien anglais The Guardian, «la mort de Lou Reed est liée à une greffe de foie qu’il a subie récemment».


Apôtre du nihilisme en plein «Summer of love»

C’est en 1965, à New York, que Lou Reed fonde, avec le Gallois John Cale, un groupe mythique dans l’histoire du rock : The Velvet Underground. Alors que l’Amérique célèbre le «Summer of love», Lou Reed et ses musiciens de noir vêtus imposent, eux, leur vision nihiliste. Andy Warhol, le pape du pop art, prend sous son aile le groupe de rock au sein de la Factory, et conçoit la fameuse pochette de «l’album à la banane». Échec commercial lors de sa sortie, ce premier album est depuis devenu culte. Parmi les titres qui figurent sur «The Velvet Underground & Nico», «Heroin» et «I’m waiting for the man», qui illustrent à merveille la noirceur qui caractérise le groupe et son leader.

Des échecs commerciaux devenus cultes

Après son départ du Velvet Underground en 1970, Lou Reed s’établit à Londres et réalise, grâce à l’aide de David Bowie, l’album «Transformer», qui sera un énorme succès et sur lequel figurent notamment, «Walk on the Wild Side» et «Perfect Day», dont l’utilisation dans le film Trainspotting de Danny Boyle a marqué les esprits. Après avoir brièvement reformé le Velvet le temps d’une tournée, Lou Reed se consacre à différents projets en solo et collabore avec Bob Wilson, le metteur en scène de théâtre américain. Il retourne également sur scène pour jouer ses albums, dont «Berlin», qui, malgré une réception critique et commerciale glaciale lors de sa sortie, en 1973, est aujourd’hui considéré comme un des albums les plus influents de l’histoire du rock.


Un caractère atrabilaire salué par tous

Irascible et volontiers désagréable avec les journalistes ou le public, l’auteur de «Venus in furs» n’a jamais failli à sa réputation sulfureuse. Sophie Rosemont, journaliste pour l’édition française de Rolling Stone, l’explique sans mal: «Lou Reed avait des raisons d’être teigneux : les électrochocs qu’il a subis jeune parce qu’il était bisexuel, son addiction aux drogues dures… Toutes ces expériences sont de nature à endurcir un homme.» Cette image de «grand méchant» associée à un répertoire qui a littéralement «révolutionné le rock et la pop» sont à l’origine du mythe, selon la journaliste. «Lors d’un de ses derniers concerts français, en 2011, tout Le monde s’était ému de son attitude très antipathique à l’égard de ses musiciens. Il se postait près d’eux pour les surveiller d’un oeil mauvais», se plaît à raconter Sophie Rosemont. Et de conclure : «Même s’il était en piteux état ces dernières années, il paraissait immortel, indestructible, comme tous les méchants, au fond».


L’hommage des pairs

Ultime paradoxe qui n’en pas vraiment un. Depuis l’annonce de sa disparition, les hommages les plus chaleureux se multiplient. John Cale, l’ancien compère de Lou Reed au sein du Velvet Underground, a exprimé sa tristesse sur son site internet : «Le monde a perdu un bon poète et auteur de chansons... J’ai perdu mon ami d’école.» Sur Twitter, d’illustres artistes et groupes de rock ont posté des messages en mémoire de l’auteur de «Sunday Morning», parmi lesquels David Bowie, Iggy Pop,The Who, Weezer, Feist…

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