Après avoir accompagné son époux, Robert Louis-Dreyfus (ex-actionnaire et Président de l'OM, entre autres), dans son combat contre la leucémie pendant 12 ans, Margarita Louis-Dreyfus a repris ses études pour être capable de piloter Le groupe Louis-Dreyfus, entreprise familiale de négoce de matières premières. « Je ne sais pas où l’on en serait sans ces années à lutter pour la vie de Robert, parce que le milieu médical est aussi un monde d’hommes. Être en lien avec ses docteurs était pour moi comme une école, mais je ne savais pas qu’un jour cela me serait utile. J’ai utilisé cette expérience lorsque je suis arrivée dans le secteur des matières premières, un univers dominé par les hommes avec un très gros ego. Personne ne peut tout savoir, alors l’important c’est de travailler ensemble », confie-t-elle à la journaliste Becky Anderson.
L’intronisation au poste de PDG de la multinationale n’a semble-t-il pas été des plus aisées pour cette native de Leningrad en Russie, débarquée en Suisse dans les années 80. Le groupe fondé en 1851 par les aïeuls de son mari avait toujours été dirigé par des hommes. « Le fait d’être une femme, blonde, et comme vous l’avez mentionné, de n’avoir aucune expérience dans le domaine, n’a pas aidé. Mais comme je n’avais ni les mêmes ambitions, ni cet ego, cela ne m’a pas dérangée qu’ils me voient de cette façon-là », déclare-t-elle, ajoutant que finalement elle était parvenue à transformer cela en atout : « Je pense qu’être une femme est réellement un avantage pour rassembler ces hommes autour d’une seule et même table. »
Le management par la responsabilisation
Lorsqu’on lui demande de décrire son style de management, elle se pose en fédératrice : « Je n’essaye pas de les manager, j’essaye seulement de faire tout mon possible pour que tous se sentent à l’aise et responsables de leur travail. J’essaye de donner à chaque personne la liberté de prendre ses responsabilités. S’ils prennent une décision, ils doivent en assumer la responsabilité même s’ils ne sont pas d’accord. Il doit toujours y avoir une discussion constructive. »
Si la quinquagénaire s’investit à fond dans les affaires, c’est par respect pour les volontés de son époux, qui souhaitait que Le groupe revienne à ses héritiers. Elle tient néanmoins à ce que ses enfants choisissent librement leur voie : « Je ne veux pas leur imposer de responsabilité, dit-elle, mais ils n’auront pas d’autre choix que d’être des actionnaires responsables. »
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