Ils sont de droite et ont voté pour le mariage gay : Franck Riester et Chantal Jouanno font figure d’ovni dans leur camp. Profitant de leur position particulière au sein de la droite, ces modérés appellent au calme alors que le projet de loi sur le mariage pour tous sera examiné ce mercredi à l’Assemblée. Dans une interview au Monde.fr, Franck Riester appelle ainsi à l’apaisement, face aux débordements des « anti » observés ces derniers jours. « Il faut apaiser les choses. Il est urgent de faire en sorte que le calme revienne de chaque côté, chez les partisans comme chez les opposants au mariage pour tous. Je pense qu'il ne faut pas trop donner d'importance à ceux qui tiennent des propos extrêmes, comme ceux parlant du risque de "guerre civile". Nous ne devons pas entrer dans la spirale de l'escalade voulue par les extrémistes », a-t-il ainsi déclaré. Il a par ailleurs regretté que des responsables politiques de l'UMP « aient défilé dans la rue à deux reprises et prévoient de le faire à nouveau lors des prochains rassemblements », estimant que cela contribue « à mettre de la tension et à donner une impression de récupération politique ». Et d’insister : « Je le pensais déjà avant les débordements. Aujourd'hui, je suis encore plus convaincu que notre parti ne devrait pas se mélanger à des manifestations qui comptent parmi elles des extrémistes ».
Une prise de position qui intervient deux jours après la mise au point par Chantal Jouanno, sénatrice UDI de Paris, qui a voté le texte ouvrant le mariage aux couples de même sexe. Cette dernière, dans un entretien au Monde.fr, appelait au nom du centre-droit à « la responsabilité, au calme et à l'apaisement ». Elle condamnait par ailleurs dans cette interview « la violence » et « l'intimidation » de la part des opposants au mariage pour tous. « Il y a une vraie différence entre manifester, qui est un droit constitutionnel, et intimider, utiliser la violence, ce qui n'a aucun fondement démocratique », soulignait-elle, dénonçant au passage ceux qui, « comme Frigide Barjot – même si elle est un peu dépassée par les événements – ou Christine Boutin, en appelent au "sang" ou à la "guerre civile", tentent très clairement de faire de la récupération politique et médiatique ». Une attitude « absolument inacceptable » pour la sénatrice. « Il est prioritaire et urgentissime que les responsables politiques, qu'ils soient pour ou contre, appellent au calme. Ceux qui encouragent ce qui se passe, et ceux qui défilent avec leurs écharpes tricolores, ne se rendent pas compte que l'on est en train de bafouer, de piétiner la démocratie dans ses fondements », assurait-elle, visant à mots couverts Jean-François Copé, l’accusant de mettre de l’huile sur le feu.