Le 8 mars dernier, pour la journée internationale des droits des femmes, l'enseigne de fast-food McDonald's nous avait gratifié d'une belle opération de feminism washing. Lors d'une opération de communication visant à rendre hommage aux femmes, l'enseigne avait retourné son fameux "M" d'un de ses restaurants pour le faire apparaître en W, première lettre du mot women (femme en anglais).
Sauf que voilà, c'est ceux qui en parlent le plus qui en font le moins. Mardi 18 septembre, des employé·es de plusieurs restaurants McDonald's se sont réunis pour faire grève dans dix villes des Etats-Unis et demander au groupe de prendre des actions contre le harcèlement sexuel qui a cours dans l'entreprise.
Les organisateurs de la manifestation demandent que la société améliore ses procédures de recueil des plaintes pour harcèlement, mais également la façon d'y répondre. Elle insiste pour une meilleure formation des responsables d'équipes et des salarié·es sur le sujet.
Les quelque dizaines de personnes ayant participé à cette grève étaient appelées à sortir du travail mardi après-midi (18 septembre). Selon la chaîne américaine NBCNews, les grévistes se sont posté·es devant les restaurants en chantant des slogans du type : "Nous sommes ici, nous parlons fort, le harcèlement sexuel n'est pas autorisé" ou " Respectez-nous, acceptez-nous, n'essayez pas de nous toucher" ("We're here, we're loud, sexual harassment is not allowed" et "Respect us, accept us, don't try to touch us.")
Des employées ont porté plainte contre l'entreprise devant l'agence fédérale chargée de promouvoir l'égalité dans le monde du travail, l'EEOC. Leur avocate, Mary Joyce Carlson, regrette que "quelle que soit la politique de McDonald's sur ce sujet, elle n'est pas efficace. Nous ne voyons aucun changement."
Parmi elles, Kim Lawson, 25 ans, originaire de Kansas City. Elle est l'une des organisatrices de la grève. Interrogée par le Times, elle explique avoir porté plainte devant l'EEOC et raconte que l'un de ses supérieurs n'ait pas réagi après après avoir signalé un cas de harcèlement sexuel de la part d'un collègue.
Les grévistes dénoncent également le fait que McDonald's se soit offert les services de Seyfarth, l'entreprise de conseils juridiques qui défend l'entreprise Weinstein Co, l'ancienne boîte de production du magnat Harvey Weinstein, accusé d'agressions sexuelles, pour établir sa politique en matière de harcèlement sexuel.
Shaunna Thomas, la directrice du groupe de défense des droits des femmes UltraViolet a déclaré à Bloomberg : "Si McDonald's tient vraiment à répondre aux demandes des travailleurs, qu'ils commencent par congédier Seyfarth."
Dans un communiqué donné à l'agence Associated Press, "McDo" a déclaré : "Nous avons des procédures et des formations visant spécifiquement à prévenir le harcèlement sexuel dans notre entreprise et nos restaurants et nous croyons fermement que nos franchises partagent et engagement".
Comme le rappelle le Times, c'est la première fois depuis l'éclosion du mouvement #MeToo il y a un an, qu'une telle grève vise spécifiquement une entreprise.