Et si l'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes passait par la généralisation du congé paternité ? C'est une piste de réflexion soulevée par les conclusions d'une étude publiée par le Peterson Institute for International Economics portant sur les effets des congés maternité et paternité dans divers pays. D'après celle-ci, les femmes briguent plus facilement des postes de dirigeantes dans les pays où les hommes ont droit à un congé paternité conséquent.
Comment expliquer le fait que le congé paternité bénéficie aux femmes ? D'après les auteurs de cette étude, cela pourrait être dû au fait que les hommes qui ne peuvent pas prendre de temps pour s'occuper de leurs enfants comptent plus sur leurs femmes. Ces dernières finissent donc par sacrifier leur carrière professionnelle pour rester à la maison.
"Les politiques qui permettent aux parents de s'occuper de leurs enfants sans pour autant assigner explicitement cette tâche aux femmes ont pour effet d'augmenter les chances que les femmes développent leur sens des affaires et construisent des relations nécessaires pour pouvoir entrer dans un comité d'entreprise", affirme le rapport.
Sur les 21 980 entreprises situées dans 91 pays étudiées, 60% ne comptait pas de femmes au sein du comité d'entreprise. Dans un peu plus de la moitié, les femmes étaient totalement absentes des branches les plus hautes de la hiérarchie, et moins de 5% étaient dirigées par une femme. Or, d'après les analyses des chercheurs, il y a un lien entre la représentation des femmes aux sein de l'équipe dirigeante d'une entreprise et l'existence d'un congé paternité.
Cette tendance à considérer que les femmes, parce qu'elles seraient en charge de la maisonnée, doivent être les premières à bénéficier d'horaires flexibles est profondément ancrée dans les moeurs. Ainsi, une étude australienne démontrait récemment qu'il était plus difficile pour un homme de se voir accorder un congé pour s'occuper des sa famille. Les hommes qui réclament un emploi du temps souple pour pouvoir se consacrer à leurs enfants se verraient en effet deux fois plus opposer de refus que les femmes.