A l'âge de la transparence et du mariage par amour, les liaisons extra-conjugales sont perçues comme un exutoire pour les insatisfaits. L'adultère, signe d'un couple qui ne fonctionne plus ? Pas forcément, répond Esther Perel.
Selon cette psychothérapeute, l'infidélité peut également toucher des couples heureux. Dans une récente intervention TED, l'auteure de "L'intelligence érotique", paru en 2013, tente d'expliquer pourquoi un couple amoureux et heureux peut parfois aller voir ailleurs. Loin des clichés, l'explication donnée par la spécialiste s'éloigne radicalement de celles communément avancées par celles et ceux qui y sont confrontés.
"La monogamie n'a rien à voir avec l'amour", estime Esther Perel. L'époque où l'on se mariait tôt et mourrait jeune a laissé place à l'union par amour, avant laquelle beaucoup d'entre nous ont eu l'occasion de connaître d'autres partenaires sexuels. Ainsi, celles et ceux qui font le choix de se marier aujourd'hui ont parfois le désir de retrouver l'intensité émotionnelle de leurs premières fois, une volonté de "rattraper des morceaux perdus d'eux-mêmes", décrit la psychothérapeute. "Nous allons voir ailleurs parce que nous cherchons un autre nous-même. Ce n'est pas tant que nous voulons quitter la personne avec qui nous sommes que celle que nous sommes devenus".
Le "bonheur" tel qu'il est conçu par le couple ne serait donc pas un antidote suffisant à la tentation de l'adultère. Au contraire, la trop grande proximité, la nature étroite et complice qui caractérise le mariage moderne serait justement un facteur pouvant pousser les membres d'un couple à entretenir des liaisons extraconjugales.
"Les gens doivent transgresser car il leur manque quelque chose, expliquait Esther Perel dans une interview à Slate. Nous avons tendance à nous dire que quand on a tout ce qu'il faut à la maison, on n'a pas envie d'aller voir ailleurs, au lieu de penser que le mariage est, au mieux, un arrangement imparfait".
Ironie de l'histoire ? Une relation extra-conjugale est parfois la chose dont un couple a besoin, selon Esther Perel. La peur de la perte de l'être aimé, la crainte à l'idée de devoir un jour faire une croix sur sa moitié conduit parfois à raviver la flamme de certains couples. Des gens qui s'aiment et qui se trompent, voila peut-être l'un des paradoxes qui fait toute la complexité, et donc la beauté, de l'amour.