22 témoignages à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), 8 plaintes, dont trois pour viols et quatre pour agressions sexuelles et harcèlement sexuel : voilà les nombreuses accusations dont fait l'objet Patrick Poivre d'Arvor. L'enquête avait été classée "sans suite" en juin 2021. Le journal Libération avait par la suite relayé trois autres témoignages accablants, dont ceux de la romancière Amandine Cornette de Saint Cyr et de Laure Eude, stagiaire au bureau de presse du Festival de Cannes en 1985.
Mais ce mercredi 27 avril, l'ex-star du JT de TF1 a décidé de porter plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d'instruction du tribunal de Nanterre contre 16 des 22 femmes qui l'accusent de harcèlement sexuel et de violences sexuelles. "PPDA" accuse ses accusatrices de "dénonciation calomnieuse", comme le rapporte le site de franceinfo. Une nouvelle confirmée par l'avocat de la personnalité médiatique, Philippe Naepels.
"Ces femmes attendent impatiemment de répondre et de le confronter devant des juges, ce que la prescription leur interdisait", a fustigé l'avocate des plaignantes, Laure Heinich. Une enquête dédiée à ces accusations sera au coeur du prochain Complément d'enquête, diffusé le 28 avril sur France 2. Au sein de ce reportage baptisé "PPDA, la chute d'un intouchable", de nouveaux témoignages contre le journaliste seront dévoilés.
Comme celui de Marie, relatant l'agression qui aurait eu lieu alors qu'elle était en stage à Radio Classique, en 2015, âgée de 24 ans. "On avait parlé ensemble même pas dix minutes. Il m'a proposé de partir en week-end et a essayé de m'embrasser", dénonce la jeune femme, évoquant "des gestes déplacées de la main sur [sa] cuisse".
Dans la plainte de 43 pages soumise au doyen des juges d'instruction du tribunal de Nanterre, évoquant "des accusations sans fondement", on peut lire : "Depuis l'emballement généré par la déferlante #MeToo, la libération de la parole des femmes connaît malheureusement son lot d'excès et de dérives, et les moyens mis en oeuvre pour servir cet objectif légitime peuvent s'avérer pervers et dévastateurs."
"Regretter de ne pas avoir bénéficié de davantage d'égards de la part d'un homme qu'elles ont un temps admiré rend aujourd'hui les mises en cause éconduites ou ignorées très amères, amertume qui les conduit à commettre, par vengeance tardive, le délit de dénonciation calomnieuse", énonce encore ce document virulent, fustigeant "ces seize femmes, journalistes ou écrivains en mal de renommée et/ou féministes de la dernière heure, venues soutenir une ancienne collègue, une amie, voire une simple militante de la cause féminine".
L'avocate Laure Heinich des accusatrices a immédiatement dénoncé "des termes outrageants qui ne font qu'accabler l'accusé". Elle pointe également l'un des arguments émis au sein la plainte : l'hypothèse d'une contradiction entre certaines lettres écrites par les plaignantes et leurs accusations actuelles. Comme l'énonce Laure Heinich : "Les plaignantes déplorent l'ignorance feinte du processus de domination et de violence sexuelle pour tenter de faire accroire qu'il existerait des lettres qui pourraient être 'incompatibles'".
Suite à ce nouveau rebondissement particulièrement violent pour les accusatrices de PPDA, la journaliste Hélène Devynck a réagi sur Twitter : "Je suis une des 16 femmes. La plainte a été classée sans suite. Il réitère. Pathétique diversion. Comment faire des victimes les coupables encore et encore ? J'attends que la procédure bâillon se transforme en procès et qu'on puisse toutes défiler à la barre."