Avoir des pensées érotiques ne signifie pas nécessairement de passer à l’acte, mais le docteur Fleischam, spécialiste de l’influence des hormones sur la psychologie féminine, étudiait les effets de cette hormone sur le rapport à l’homosexualité, avec des questions comme celles qui suivent : « l’idée d’embrasser une personne du même sexe que vous est-elle excitante ? » et « si quelqu’un du même sexe que vous vous faisait des propositions, seriez-vous dégouté ? ». L’équipe de chercheurs mesuraient ensuite le taux de progestérone dans la salive. En analysant des femmes hétérosexuelles dont le taux de progestérone était plus élevé que chez d’autres, le docteur et son équipe ont constaté qu’elles étaient plus ouvertes au rapport homosexuel que les autres. De la même façon, les hommes hétérosexuels - et en particulier ceux avec de hauts niveaux de progestérone - a qui on a subtilement rappelé l’importance d’avoir des amis et des alliés, ont montrés des attitudes plus positives envers l’homosexualité masculine en général. En résumé, plus les taux augmentaient, plus l’ouverture à l’homosexualité était grande, avec des résultats sensiblement similaires chez hommes et femmes.
La progestérone est connue pour contribuer à la formation de liens sociaux forts comme l’amitié, dont les effets bénéfiques et essentiels sont connus depuis longtemps. Le taux de cette hormone grimpe en fonction du niveau de sociabilité et, chez la femme, il monte également après la période d’ovulation, quand la possibilité de tomber enceinte se réduit. Aux dires du docteur, « d’un point de vue évolutionnaire, nous avons tendance à penser le comportement sexuel comme un moyen reproductif. Cependant, parce que le comportement sexuel est intime et agréable, il est aussi utilisé par de nombreuses espèces, dont les primates, pour aider à former et à maintenir les liens sociaux. Nous pouvons tous le constater lorsque des couples romantiques ont des rapports sexuels alors même qu’il n’y a pas de reproduction possible. Les résultats de notre étude sont fascinants parce qu’en utilisant deux méthodes de travail très différentes, on est arrivé à la même conclusion. Les femmes étaient plus motivées à penser à des rapports homosexuels lorsque leurs niveaux de progestérone étaient au plus haut. »
Un résultat qui ne serait pas aussi étonnant qu’il y parait selon le docteur, puisque les humains, comme d’autres animaux, ont des rapports sexuels pour bien d’autres raisons que la reproduction : le plaisir, la récompense, une façon de dire « sois gentil avec moi », ou une façon de manifester sa domination. « C’est complexe, mais il est clair qu’il y a un continuum entre l’affection et la sexualité, et la sexualité est la fluidité, en somme, la capacité de s'engager sexuellement avec des personnes du même sexe ou du sexe opposé est commune. Chez l’homme, beaucoup, si ce n’est la plupart des comportements sexuels de même sexe se produisent chez ceux qui ne s'identifient pas comme homosexuels. »
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Si cette étude n’a pas pour vocation de prouver que l’humanité toute entière est « naturellement » encline à l’homosexualité, elle montre en tout cas que les rapports sexuels en dehors du couple traditionnel (dont la vocation est de fonder une famille) ont des effets bénéfiques qui dépassent largement le plaisir que l’un et l’autre en tirent, et la multiplicité des partenaires vers laquelle tend notre société permet sans doute de rendre notre avenir moins virtuel et plus solide.