« Mariée ? Depuis combien de temps ? Divorcée ? […] Si vous aviez aujourd'hui des responsabilités ménagères ou des enfants, comment ceux-ci seraient-ils pris en charge ? » Non, il ne s’agit pas de dialogues de la série Mad Men, mais d’authentiques questions qui étaient posées aux femmes qui, au début des années 1960, postulaient à un emploi.
C’est ce que révèle le journal Pacific Standard qui a publié le compte-rendu de l’entretien d’embauche de Lynn Ferrin, alors jeune journaliste, qui postulait en 1961 à un emploi dans une revue automobile.
Les questions qui lui ont été posées par le recruteur (une femme !) sont surprenantes de misogynie, et feraient aujourd’hui bondir n’importe quelle femme qui postulerait à un emploi. Ainsi, outre les questions quelque peu indiscrètes sur sa situation matrimoniale, Lynn Ferrin a dû subir le regard inquisiteur du recruteur sur son « apparence (posture, habillement, soin, propreté, physique) », mais aussi sur sa « personnalité et [ses] manières (façon de parler, gestuelle, attitude, amabilité, habilité à coopérer, patience).
Si les mœurs, l’apparence physique et l’attitude de Lynn Ferrin ont été passées au crible durant l’entretien d’embauche, pas un mot, toutefois, sur le salaire qu’elle percevrait si elle obtenait le poste. Les prétentions salariales des femmes ne seront prises en considération qu’à compter de 1963, lorsque le président Kennedy signera l’Equal Pay Act qui interdit aux employeurs d’exercer toute forme de « discrimination en fonction du sexe dans le paiement des salaires. »
Quoi qu’il en soit, l’apparence et les manières de Lynn Ferrin ont visiblement plu au magazine de l’Automobile Club, puisqu’elle y a exercé le poste d’éditrice pendant plus de trente ans et y a été rédactrice en chef les sept dernières années de sa carrière.