La bande-annonce rappelle inévitablement "Mommy" de Xavier Dolan, et "Polisse" de Maïwenn. Pourtant, "La Tête haute" s'étend sur une période bien plus longue. Celle de la vie de Malony, enfant de 6 ans au début du film, puis adolescent en mal d'insertion qui navigue entre école, services sociaux, juges pour enfants et éducateurs spécialisés.
Pour incarner le rôle central de ce film social et donner la réplique à Catherine Deneuve, Sara Forestier et Benoit Magimel, la réalisatrice Emmanuelle Bercot a fait appel à un jeune acteur bouillonnant, qui sera probablement la première révélation de ce Festival de Cannes cru 2015 : Rod Paradot.
Le jeune homme, qui avait 18 ans au moment du tournage, a été repéré lors d'un casting sauvage "dans un lycée professionnel de Stains (Seine Saint-Denis) où il préparait un CAP de menuiserie", nous explique 20 minutes. Mais le rôle n'était pas tout à fait acquis pour ce fils de plombier et d'employée de mairie, qui ne se destinait pas vraiment au cinéma. "J'ai longtemps hésité à le prendre parce que je trouvais qu'il n'avait pas la violence nécessaire en lui pour jouer le personnage tel que je l'avais écrit", raconte volontiers Emmanuelle Bercot.
Le travail du jeune garçon, et son physique qui lui permettait de jouer tout aussi bien un ado de 13 ans que de 17, ont pourtant permis à Rod Paradot d'être choisi. "Poli et réservé, en un mot, adorable", résume la réalisatrice en parlant de son protégé. A l'opposé du personnage qu'il campe à l'écran en somme. Rod confie à propos de Catherine Deneuve, avec qui il partage l'affiche : "Je connaissais mal ses films, reconnaît l'acteur, "mais je savais que c'était une bête de cinéma (...) elle m'a mis super à l'aise : elle a été comme une deuxième maman."
Pour parvenir à se rapprocher du personnage imaginé par la cinéaste, il a pourtant fallu travailler d'arrache-pied. "C'est beaucoup de travail sur les costume, sur sa posture, sur sa voix", détaille Emmanuelle Bercot au micro d'AlloCiné. "Je lui disais : tu as tel âge, donc retrouve ça".
Un jeune homme "vierge de cinéma" comme le qualifie la réalisatrice et qu'il a fallu diriger avec la plus grande fermeté, mais aussi beaucoup de compréhension. "Ça a été difficile pour lui. Difficile et épuisant pour moi aussi. Je n'ai pas l'habitude de devoir pousser des acteurs comme ça. Et puis c'est un gamin qui a un âge où on est très soucieux de son apparence, de l'image qu'on renvoie, et moi, je lui demandais d'être détestable, d'être mal-aimable, de ne pas être beau !".
Un travail qui s'est avéré payant puisque Rod Paradot lui aurait déclaré : "J'ai compris maintenant pourquoi tu as été aussi dure et tu as eu raison car si c'est pour faire un aussi joli film, ça valait le coup". Désormais sur les marches de Cannes lors de la cérémonie d'ouverture ce mercredi soir (13 mai), le jeune homme va devoir apprendre à gérer son stress. "J'ai un peu honte de parler en public : je fais plein de fautes de français. Ils vont se demander d'où je sors", craint le jeune acteur de "La Tête haute" qui a aussi des projets plein la tête. Au programme : cours de théâtre et cinéma "pour observer et apprendre" dit-il.
Découvrez l'interview vidéo de Rod Paradot ci-dessous :