L'intervention d'Emmanuelle Seigner dans Sept à Huit, ce dimanche 16 octobre sur TF1, a scandalisé de nombreux téléspectatrices et téléspectateurs. L'actrice y défend publiquement son mari, le réalisateur Roman Polanski, accusé de violences sexuelles.
Selon elle, son époux, de 33 ans son aîné, ne serait pas coupable des faits qui lui sont reprochés. Roman Polanski est poursuivi depuis 1977 aux Etats-Unis pour le viol de Samantha Gailey, de 13 ans. Condamné en 1978, le réalisateur avait quitté le sol américain pour se réfugier en France. Depuis, pas moins de onze femmes ont témoigné contre le réalisateur, comme le rappelle France Info. La dernière en date est la Française Valentine Monnier, qui a accusé Polanski en 2019.
"Quand j'ai connu mon mari, toutes les femmes voulaient coucher avec lui", raconte-t-elle, face à la caméra de TF1. "Toutes les jeunes filles voulaient coucher avec lui. C'était un truc de dingue. C'était fou quoi", affirme la comédienne.
"L'homme avec qui je vis, ce n'est pas du tout la personne dont j'entends parler", ajoute l'actrice de 56 ans. A 89 ans, Roman Polanski, qui est toujours considéré comme un fugitif, ne peut se déplacer qu'en France, en Suisse et en Pologne (d'où ses parents sont originaires).
"Il est meurtri, il le vit très mal. (...) Qu'on le laisse tranquille, que les gens s'occupent des vrais prédateurs, des gens qui sont un danger pour la société, qu'on lui foute la paix", a renchéri Emmanuelle Seigner, qui venait présenter un livre intitulé Une vie incendiée, dans lequel elle raconte l'histoire de son couple.
L'interview d'Emmanuelle Seigner, dans laquelle elle fustige également le mouvement #MeToo- qui vient de fêter ses cinq ans-, les médias, les réseaux sociaux ou encore l'opinion publique (rien que ça) a évidemment fait bondir les internautes. Outre le fait que l'affaire Polanski soit un cheval de bataille pour les militantes féministes, certaines phrases de son épouse ont particulièrement heurté le public.
"Il avait 52 ans mais il avait l'air d'en avoir 30, il était un grand metteur en scène donc il attirait énormément, et je pense qu'il n'avait besoin de violer personne", a ainsi justifié Emmanuelle Seigner.
Le cinéaste plaisait, donc il n'avait pas "besoin" de violer selon Mathilde Seigner ? Cette phrase se révèle évidemment hautement problématique : elle valide la thèse très dangereuse selon laquelle la "misère sexuelle" de certains hommes les "pousserait" à agresser les femmes, pour subvenir à leurs "besoins sexuels". Une croyance qui est malheureusement encore partagée par la moitié des Français. En effet, 51% des personnes interrogées estiment qu'il est plus difficile pour un homme de maîtriser son désir sexuel que pour une femme, d'après une étude publiée en 2022 par l'association Mémoire traumatique et victimologie.
Aussi, un agresseur sexuel dans la plupart des cas, n'est pas un homme hirsute surgi d'un parking sombre. En France, la victime connaît l'agresseur neuf fois sur dix, et dans ce cas, une fois sur deux, le violeur est le conjoint ou un ex-conjoint, indique l'ouvrage Le viol conjugal : un crime comme les autres, dirigé par le médecin légiste Patrick Chariot.
Alors que le César de la meilleure réalisation, qui avait été attribué en 2020 à Roman Polanski, avait été vécu "comme un crachat au visage des victimes" comme l'avait défini l'actrice Adèle Haenel, cette interview empreinte de culture du viol sonne comme une nouvelle attaque.