Ses mots ont choqué au-delà de la Manche. Suella Braverman, fraîchement nommée ministre de l'Intérieur britannique par Liz Truss, a affiché une xénophobie décomplexée lors de la conférence annuelle du parti conservateur, ce mardi 4 octobre.
"Mon rêve ? Voir à la une du Telegraph [The Daily Telegraph, quotidien britannique- ndlr] un avion plein de réfugiés décollant pour le Rwanda", a-t-elle déclaré d'un ton badin, le sourire aux lèvres. Elle aurait aussi précédemment déclaré qu'il y avait "trop de demandeurs d'asile qui abusent du système" et "qui ne servent pas "les besoins de l'économie", comme le relaie le HuffPost.
Un "rêve" qui ne passe pas au Royaume-Uni. Venant d'une ministre directement en charge de la question migratoire, ces propos ne présagent rien de bon pour les associations de réfugiés.
Mais une telle sortie n'est pas si surprenante quand on s'intéresse au parcours de Suella Braverman, 42 ans, pourtant elle-même issue de l'immigration (elle est la fille de parents d'origine indienne, d'un père arrivé du Kenya et d'une mère arrivée de Maurice ayant rejoint la Grande-Bretagne dans les années 60).
Très à droite et pro-Brexit, Suella Braverman figurait déjà sur la liste des conservateurs lors des élections parlementaires de 2003.
Cette diplômée en droit des universités de Cambridge et de la Sorbonne a milité ardemment pour la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, et évoquait également la possibilité de quitter la Cour européenne des droits de l'Homme, estimant que celle-ci bloquait la politique migratoire du pays.
"Nous ne pouvons pas régler le problème de l'immigration illégale à cause de revendications en matière de droits de l'homme et à cause d'une cour étrangère à Strasbourg, politisée et interventionniste qui se mêle de notre politique intérieure. Je crains que la seule solution soit de quitter la Cour européenne des droits de l'homme", avait-elle déclaré, comme le rapporte Franceinfo.
Suella Braverman s'est également exprimée sur les questions LGBT, estimant que les écoles ne devraient pas être obligées d'accueillir des élèves transgenres. Comme le rappelle le site britannique PinkNews, la nouvelle ministre de l'Intérieur avait affirmé qu'il était "légal" pour les écoles d'utiliser le deadname de leurs élèves (leur nom à l'état civil, qui diffère souvent de celui choisi après leur transition- ndlr) et de mégenrer les enfants transgenres, ainsi que de leur refuser l'accès à certaines toilettes ou la pratique de certaines activités sportives.
Elle avait également estimé qu'il y avait une "frénésie collective" en ce qui concerne les droits des personnes transgenres et que les "bases de la biologie" avaient été "bouleversées".
Ses positions n'augurent donc rien de bon en matières de respect des droits humains, et cette sortie polémique sur les migrants pourrait bel et bien n'être que la première d'une longue série.