Les télévores se souviennent avec nostalgie des interventions de Miko et Cartman dans « La Méthode Cauet », alors émission à succès sur TF1. Depuis, le duo officie parfois séparément, comme c’est le cas pour Cartman dans « Touche pas à mon poste », le succès surprise 2013 de D8, qui a rapidement flairé le bon coup en faisant intervenir le talentueux chauve dans son programme qui décortique la télé.
De son vrai nom Nicolas-Bonaventure Cianotti, Cartman, 35 ans, avait été choisi par Cyril Hanouna pour faire deviner à ses invités le nom de célébrités, de séries ou d’émissions télé en chansons. Accompagné d’un musicien, Cartman se grime. Son personnage préféré se façonne rapidement : ce sera Sébastien Patrick, un avatar (plus) beauf (encore) que l’original, par ailleurs grand ami d’Hanouna et habitué de « TPMP ». Plus fort que le « vrai », Sébastien Patrick se bâtit très vite une belle notoriété en activant les mêmes leviers : proximité, humour potache, chanson paillarde et détente décomplexée en forme de pied de nez à l’inteligentsia qui n’en finit plus de rabaisser un téléspectateur lassé qu’on cherche à lui faire la morale alors que son pouvoir d’achat est au plus bas et qu’il ne demande qu’une chose, se changer les idées.
2013 sera définitivement l’année du mainstream (voire, pour certains, du débilestream), qui aura vu l’avènement de Nabi-Nabilla, nymphette de télé-réalité devenue plus célèbre et populaire que le Président lui-même (ce qui n'est pas si difficile il est vrai), les audiences de « Touche pas à mon poste » dépasser celles du Grand Journal et… « Quand il pète il troue son slip », le tube de Sébastien Patoche, se classer 1er sur iTunes dès sa sortie devant « Get lucky » des Daft Punk.
Si Benjamin Bioley (et bien d’autres) ont rapidement dénoncé ce règne du beauf dans le secteur dit « culturel », Sébastien Patrick – devenu « Patoche » pour éviter une trop grande confusion avec son célèbre parrain qui, s’il se dit flatté et amusé par son clone, souhaite néanmoins continuer à faire tourner ses serviettes encore quelques temps – continuera à enfoncer ce même clou.
Son album, « J’emmerde les bobos », sorti la semaine dernière, plaît. Sorte de pendant musical de la sentence des urnes, l’engouement pour ce Patoche qui ne se prend pas la tête, fout des « cartouche » aux femmes (sic) et remet à sa place les adeptes de Benabar, du Boulevard St-Germain et d’une société branchouillo-snobinard parisianiste qui, on le sent, exaspère de manière croissante la fameuse « ménagère » et son mari, est un signe sociétal fort, n'en déplaise à ceux qui préfèrent ne pas comprendre.
Résultat ? « J’emmerde les bobos » s’est directement placé deuxième sur ITunes la semaine de sa sortie. Les clips, eux, réalisés par le compère Miko, font le bonheur des Youtubeurs (1,5 millions de visionnages pour « Quand il pète… », près de 2 millions pour « La Cartouche »).
Patoche le jure, s’il dépasse Jay Z, le milliardaire intouchable, il ira agiter ses bijoux de famille place de la Concorde. Porté par la France dite normale friande de symboles en forme de LOL, il y a fort à parier que le nouveau chouchou du public devrait parvenir à aller montrer son cul aux cols blancs de la capitale avant qu'ils ne prennent leurs quartiers d'été.
Sébastien Patoche, président !