Passer le cap et faire ses valises
Monica, 33 ans, Colombienne, arrivée en France à 25 ans : Je voulais découvrir un continent et une nouvelle langue. Je cherchais aussi à devenir autonome par rapport à ma famille. Je suis partie de Colombie avec mon diplôme d'architecte pour être fille au pair en France. Je comptais rester quelques années, voyager et retourner dans mon pays. Et puis finalement je suis restée : j'ai trouvé un travail, un mari et je suis aujourd'hui maman et bien installée à Paris !
Laura, 29 ans, Italienne, arrivée en France à 26 ans : Dès l'âge de 6 ans, en vacances à Paris, j'ai annoncé à ma mère que je comptais venir un jour m'installer ici ! Suite à une belle expérience de dix mois d'échange universitaire à Paris en 2005/2006, j'ai eu envie d'une expérience professionnelle pour quelques mois. Et finalement cela va faire quatre ans que je suis en France.
Sophie, 34 ans, Française, arrivée au Canada depuis 7 mois : J'ai migré avec mon conjoint à Montréal, au Canada, l'été dernier. Nous avions l'envie de partir, de vivre un dépaysement, découvrir une autre culture et s'y intégrer. Une opportunité de travail s'est présentée à mon ami, nous avons alors saisi cette chance. Quant au choix de Montréal, c'est avant tout la langue qui nous a guidés : nous voulions continuer à travailler dans nos domaines respectifs. Par ailleurs, nous avions entendu beaucoup de bien sur le Québec, notamment sur la qualité de vie. Ce qui s'est vérifié à notre arrivée !
Paula, 41 ans, Colombienne, arrivée en France à 25 ans : C'était la crise dans mon pays, et pour mes études je voulais partir en France finir mon DESS-DEA en Architecture et archéologie. Et puis je parlais déjà la langue… Avec mon mari, lui aussi Colombien, on a décidé de tenter l'aventure. J'avais déjà eu un coup de foudre pour la France. J'y ai vécu 6 mois à l'âge de 8 ans et pour moi c'était un vrai conte de fées ! J'ai découvert la piscine publique, les passages piétons où l'on peut appuyer pour que le bonhomme du feu passe au vert et aussi, ce qui pour moi était le top du top, le lait chocolaté en brique ! Mon choix s'est fait très jeune, et aujourd'hui je ne regrette pas une seconde.
Marie, 28 ans, Française, arrivée à Haïti à 27 ans : Je suis chef de mission pour une ONG française. L'expatriation est donc partie intégrante de mon métier ! J'ai ainsi effectué ma première expérience professionnelle en République Démocratique du Congo à l'âge de 23 ans, puis j'ai vécu en République Centrafricaine, au Tchad, au Bangladesh et depuis janvier 2012, je réside et travaille en Haïti, où j'ai décidé de poser mes valises, pour l'instant.
Monica : Ce qui m'a semblé le plus difficile ? Sans hésitation la distance avec ma famille et le choc culturel.
Laura : Le plus difficile pour moi c'est de parfois rentrer dans mon pays et de m'y sentir « étrangère ».
Sophie : La principale difficulté a été la recherche d'emploi. Je suis rédactrice-éditrice Web et le monde des médias est une petite famille assez fermée à Montréal, tout le monde se connaît, il est difficile d'y rentrer. Le réseautage est très important, vital même. Mais en tissant peu à peu mon réseau, tout s'est débloqué.
Paula : La raillerie des Français, leur manque d'ouverture d'esprit et leur égocentrisme ! En revanche, une fois cette barrière dépassée, dès qu'on se fait des amis, ce sont de vrais amis ! Autre grosse galère : louer un appartement. Dès qu'un propriétaire entend votre accent au téléphone, c'est fichu…
Marie : La distance avec ma famille et mes amis. Les contextes dans lesquels j'évolue sont très différents de ceux que peuvent connaître mes proches et il est souvent très difficile d'expliquer ce que je vis. Il a parfois aussi été compliqué pour mes proches de comprendre mes choix... Cette distance et ces longs moments d'absence sont les plus douloureux dans ce choix de vie. Ils s'appréhendent néanmoins, d'un côté comme de l'autre, avec le temps et beaucoup d'amour.
Monica : Si je ne devais retenir que deux conseils, ce serait d'abord d'essayer de s'intégrer au maximum dans la culture du pays d'accueil. Mais aussi ne jamais nier ses origines et être au contraire ambassadrice de son pays.
Laura : Partir pour suivre une vraie envie ! Et pas uniquement pour le boulot, l'argent ou pour suivre le choix de quelqu'un d'autre. Quelque chose qui m'aide aussi est de savoir que je peux toujours revenir en arrière, même si ça pourrait être difficile. Et enfin, ne jamais nier ses origines : elles sont en nous, ça se n'efface pas avec des démarches administratives ou avec le temps qui passe.
Sophie : Il faut surtout bien s'informer sur le pays que l'on choisit. Se renseigner sur la culture, le monde du travail, pour limiter les mauvaises surprises à l'arrivée. Par ailleurs, si le départ se fait en couple, je voudrais insister sur l'envie commune, car si l'un suit l'autre sans réelle conviction, l'échec n'est souvent pas loin lorsqu'on se lance dans ce genre d'aventure, c'est ce que j'ai pu observer autour de nous. Enfin, venir avec toute l'humilité d'un migrant, qui n'est ni sur sa terre ni dans sa propre culture. Rester ouvert, ne pas comparer systématiquement avec la France. Il s'agit de tirer le meilleur de ce que le pays d'accueil a à nous offrir.
Paula : Parler un minimum la langue de son nouveau pays, c'est presque indispensable. Il faut aussi accepter un nouveau mode de vie, même si les cultures sont semblables, chaque pays a ses coutumes, et on ne peut aller contre. Beaucoup de personnes partent pour l'étranger en pensant que c'est forcément mieux, et se retrouvent confrontées à une nouvelle société sans la comprendre.
Marie : Il ne faut pas partir pour de mauvaises raisons, pour fuir. Où que l'on aille, notre pays d'origine sera toujours le même et il est l'une des composante de notre équilibre. Par ailleurs, j'essaie de garder des contacts réguliers avec mes proches (téléphone, Skype, mail, envoi de photos) et de rentrer au pays régulièrement. Je pense aussi qu'il faut savoir s'écouter, prendre soin de soi et ne pas s'oublier dans l'euphorie et l'adrénaline que procurent certaines destinations.
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