Cantonnées à un rôle de représentation, sur le podium, où elles sont parfois rincées sous une douche de champagne, ou sur la grille de départ où elles doivent poliment tenir la pancarte affichant le numéro du mâle présent dans la F1, les femmes demeurent exclues de ces monoplaces hurlantes. Le Grand-Prix de Monaco, la course la plus prestigieuse de la saison qui se déroule ce dimanche 24 mai, ne dérogera pas à la règle et laissera aux femmes le rôle de grid girls, comprenez ces jeunes femmes au corps de rêve glissées dans des tenues avantageuses par les sponsors, sur la grille et dans les stands.
En effet, depuis soixante-cinq ans et la création du championnat du monde de Formule 1, seules cinq femmes ont pu tenter leur chance au volant d'une monoplace. Parmi elles, Maria Teresa de Filippis, qui avait eu "le privilège" de courir avec une voiture ayant un an de retard sur les autres, en 1959 ou encore Giovanna Amati, en 1992, dans une écurie Brabham au bord de la faillite et dépassée technologiquement.
Pour tenter de corriger le tir, Bernier Ecclestone, le grand argentier de la F1, a eu une fausse bonne idée, en marge du Grand Prix de Malaisie, disputé en mars dernier. L'homme de 84 ans propose de créer un championnat exclusivement réservé aux femmes. "Je pense que ce serait une bonne idée de leur donner leur propre vitrine. Pour certaines raisons, les femmes n'arrivent pas en F1. Et pas parce que nous ne voulons pas d'elles. Bien sûr qu'on les veut", argue-t-il dans les colonnes du Guardian, invoquant "l'attention médiatique et les sponsors", qu'elles seraient susceptibles d'attirer.
Pas question, en revanche, pour Bernie Ecclestone de faire concourir une pilote avec les hommes. Il préférerait des Grands Prix féminins juste avant l'épreuve masculine. Une idée qui ne réjouit pas Susie Wolff, l'une des deux femmes pilote d'essai, avec Carmen Jorda (Lotus), au sein du paddock. "Je ne pense pas du tout que cette proposition aille dans le bon sens", lâche la pilote de l'écurie Williams. Et d'ajouter : "J'ai fait toute ma carrière en tant que pilote, peu importe le genre. Pourquoi devrais-je m'intéresser qu'à des courses disputées par des femmes ? Cela ne m'intéresserait pas du tout de remporter une course de ce type".
Le principal obstacle à l'arrivée des femmes en F1 semble à chercher du côté des a priori qui pèsent au sein du paddock. En témoigne l'entretien accordé, en 2005, au magazine FHM par l'ancien champion du monde britannique, Jenson Button (aujourd'hui chez McLaren Honda) : "Une fille à gros seins ne serait vraiment pas bien installée dans le baquet d'une F1. Et les mécaniciens n'arriveraient pas à se concentrer. Mettez-vous à la place de celui qui doit attacher sa ceinture de sécurité". Une sortie de piste qui en dit long sur le chemin à parcourir avant de voir Susie Wolff ou une autre pilote reprendre le départ d'un Grand-Prix.