Il voulait la mettre au régime avant le grand jour mais la seule chose qui pesait à cette future mariée géniale, c'est ce coach complètement à côté de la plaque et une bande de trolls.
Cassandra Young, une jeune femme originaire d'Atlanta, est responsable des réseaux sociaux pour l'émission de radio The Bert Show. Fin août 2017, elle a publié sur Instagram sa conversation avec un coach qui, après l'annonce de ses fiançailles, l'avait contactée pour lui proposer une "remise en forme" avant le plus beau jour de sa vie.
Il s'est ensuivi un échange houleux, où son interlocuteur s'est efforcé de la culpabiliser sur son poids pour la convaincre de faire appel à un professionnel, lui-même ou un autre.
La conversation entière est retranscrite ci-dessous:
Le coach: Félicitations pour vos fiançailles. Je vous propose mes services pour vous aider à retrouver la forme avant votre mariage. Je facture 60 € de l'heure et, croyez-moi, ça en vaut la peine. J'ai une licence en sciences de l'exercice, et en nutrition et sciences des aliments, et un master en kinésiologie.
Cassandra: Je suis déjà en forme! Mais merci beaucoup pour votre proposition.
Le coach : Le plus beau jour de votre vie arrive, je sais bien que vous voudrez être radieuse. Si vous ne voulez pas m'engager, prenez quelqu'un d'autre. Les photos de mariage, ça dure des siècles. Vos arrière-petits- enfants les auront encore. C'est vraiment le moment d'être la plus belle.
Cassandra : Je suis tellement heureuse d'épouser l'homme que j'aime que je ne pourrais être que radieuse! Je sais que ça vous semblera sûrement difficile à comprendre, mais j'ai mis longtemps à apprendre à aimer mon corps. On ne cesse de me montrer du doigt, de me faire savoir que je devrais avoir honte de mon poids ou que mes proches ont honte de moi, quand on ne m'insulte pas carrément en affirmant que je suis "répugnante". J'ai dépassé tout ça, et aujourd'hui, je suis bien dans ma peau. La santé, c'est une chose, et j'y suis très attentive. Mais penser que je pourrais me trouver "grosse" dans ma robe de mariée, au point d'être embarrassée par les photos? Penser que dans plusieurs siècles, des gens se moqueront encore de moi pour ça? C'est ça, le sous-entendu, et j'emmerde ceux qui pourraient penser ça! J'ai bien l'intention qu'on se souvienne de moi comme de quelqu'un qui aura vécu sa vie à fond, qui aura laissé une trace, et pas simplement comme quelqu'un qui avait du ventre. J'ai dû vraiment lutter pour retrouver l'estime de moi, et cesser de croire que ce que je valais et la capacité des autres à m'apprécier dépendaient de mon poids. Je sais maintenant que j'ai eu raison, car j'ai trouvé quelqu'un qui m'aime comme je suis, inconditionnellement. Alors, pour lui comme pour moi, je vais continuer à prendre soin de ma santé en mangeant plus équilibré, en faisant du cardio et de la musculation. Pas parce que j'ai des complexes, mais pour avoir plus d'années à passer avec lui. Merci :)
Le coach : Vous pouvez accepter votre apparence, mais pas en être heureuse. On ne peut pas se mentir à soi-même. Tout le monde aspire à être comblé le jour de son mariage, pas juste à s'accepter. On peut toujours forcer les choses, avec de la volonté! Et pour ce qui est d'accepter son corps, j'aimerais que les gens concernés admettent qu'ils ne sont pas vraiment bien dans leur peau. On peut aimer sa vie et trouver le bonheur auprès de ses proches, on peut même apprendre à s'aimer, mais on continue toujours à détester son physique. J'ai connu ça, et c'est ce qui me permet d'en parler aussi librement.
Cassandra : Pourquoi ne serais-je pas bien dans ma peau? Notre société a un énorme problème avec le poids. A la Renaissance, la rondeur était célébrée. Vous croyez que les gens de l'époque étaient malheureux? Non. C'était eux qui déterminaient la norme et les critères de beauté. Je trouve triste que vous associiez autant physique et estime de soi. On voit bien que l'apparence est très importante pour vous, mais vous ne comprenez pas que tout le monde n'a pas envie de s'enfermer dans tous ces complexes. Vous attribuez à toutes les personnes en surpoids les sentiments que vous connaissiez avant de maigrir et, en les stigmatisant, vous entretenez ce cycle d'auto-dénigrement que nous inculque la société. Être gros, c'est mal, c'est honteux, c'est moche. Et pourquoi donc? À cause de quelques kilos? C'est ridicule, quand on y réfléchit. C'est très difficile d'être bien dans son corps quand on se focalise autant sur l'opinion des autres, parce que les gens ne cessent de vous critiquer. Mais il suffit de voir la vérité, de se rendre compte que notre apparence ne définit ni notre identité ni notre valeur, pour comprendre que notre poids n'a pas à façonner la façon dont nous nous voyons. Ce n'est qu'un adjectif parmi d'autres. Blond. Grand. Mince. Gros. Il n'y a rien de mal à ça. Alors pourquoi insister si je n'en ai pas envie?
Le coach : C'est bien ce que je dis: vous évoquez sans arrêt la société. Moi, je parle de votre regard sur vous-même, le jour de votre mariage. Ce n'est pas la société qui nous donne une mauvaise image de nous. On a tous conscience de ce qu'on est. Si vous n'êtes pas satisfaite en vous voyant dans votre robe de mariée, ce ne sera pas à cause de la société mais de ce que vous renvoie le miroir. Et pour ce qui est de stigmatiser les gros... On ne peut pas faire culpabiliser quelqu'un qui n'a aucune raison de se sentir coupable. Quand on perd toute conscience de soi, alors on ne se sent plus coupable de rien. Mais ce n'est pas le cas de tout le monde. C'est pour ça que les gens ne veulent pas qu'on les "culpabilise". Quand on dit à quelqu'un qu'il mange trop et que toute sa vie tourne autour de ça, il ressent de la honte, parce qu'il sait qu'il devrait se conduire autrement. Cette honte redouble quand il se regarde dans le miroir. C'est comme quand je regarde vos pages Twitter et Instagram. Vous n'arrêtez pas de parler de nourriture, et jamais de nourriture saine. Vous adorez manger, et vous savez bien que ce n'est pas une manière de vivre. Alors quand on vous le fait remarquer, ça vous culpabilise.
Cassandra : "Si vous n'êtes pas satisfaite, ce ne sera pas à cause de la société, mais de ce que vous renvoie le miroir." Justement, je vous dis que mon reflet me plaît, mais vous n'écoutez pas. Pourquoi? Parce que vous êtes trop occupé à me répéter que mon poids me rend laide. "Vous adorez manger, et vous savez bien que ce n'est pas une manière de vivre. Alors quand on vous le fait remarquer, ça vous culpabilise." Oui, j'adore manger, et c'est parfaitement acceptable. Et, non, ça ne me culpabilise pas quand on me le fait remarquer. En revanche, ça me met en colère quand un coach qui n'a pas l'air de connaître le sens du mot "non" essaie de me convaincre que, sans lui, je n'aurai l'air de rien le jour de mon mariage, et que je me sens forcément coupable de ma mauvaise hygiène de vie. Non, je ne me sens pas coupable! Vous ne faites qu'entretenir le problème, et je refuse d'entrer dans ce jeu. Je réfute cette vision qui ne tourne qu'autour des apparences et du superficiel, et je décide moi-même de mes objectifs en matière de santé. Sans oublier... "Ce n'est pas le cas de tout le monde. C'est pour ça que les gens ne veulent pas qu'on les 'culpabilise'." Les gens ne veulent pas qu'on les culpabilise parce que c'est DÉGUEULASSE DE RABAISSER QUELQU'UN À CAUSE DE SON PHYSIQUE. C'est une attitude détestable, et c'est encore plus détestable d'affirmer le contraire dans l'espoir d'en tirer un bénéfice. Vous devriez revoir vos principes.
La conversation s'arrête là. Voici le texte posté sur Instagram que Cassandra Young a partagé:
"Ce type m'a contactée sur Twitter pour me proposer ses services, mais la conversation a rapidement dégénéré. Si je publie cet échange, c'est pour signaler à tout le monde, hommes et femmes, que l'on se FICHE de votre apparence. Vous avez de la valeur. Il existe quelqu'un, quelque part, qui saura vous aimer. La vie vous attend à bras ouverts. Que vous soyez gros, maigre ou entre les deux, que vous ayez un corps svelte, de larges épaules, une silhouette en rectangle ou en poire, c'est en étant VOUS-MÊME que vous vous épanouirez. C'est ça qui compte. Si vous voyez la vie comme un "jeu" qu'on ne peut "gagner" qu'en étant maigre, ce gars vous propose d'y arriver... Moi, je dis que ces règles sont BIDON. On n'en a pas besoin. Je les réfute. JE REFUSE DE JOUER À ÇA! C'est un modèle factice, dont on peut tous se libérer. Votre valeur vient de VOUS, pas de votre physique. Qu'est-ce qu'on s'en fout si vous avez deux ou trois kilos en trop, ou même cinq, ou dix, ou quinze? Ce qui compte, c'est que vous soyez heureux et en bonne santé. Ce chiffre sur la balance NE DÉFINIT NI VOTRE IDENTITÉ NI VOTRE VALEUR. Ne laissez personne vous dire le contraire. Ils essayeront pourtant parce qu'ils n'ont pas encore compris. Ils sont enfermés dans ce jeu, et ne se rendent pas compte de la réalité. Vous, vous pouvez la voir. La vie n'attend que vous, et elle est trop courte pour perdre du temps à se soucier de ses bourrelets. Partez en quête du bonheur, et tirez le maximum de chaque instant."
Alors même que Cassandra Young avait refusé ses services, expliquant qu'elle se sentait très bien dans son corps et "ne pourrait être que radieuse" en épousant l'homme qu'elle aimait, le coach a continué d'insister, très lourdement. "Vous pouvez accepter votre apparence, mais pas en être heureuse. On ne peut pas se mentir à soi-même", a-t- il affirmé.
Et non, malheureusement, on n'invente rien.
Comme on peut le lire sur la conversation reproduite ci-dessus, notre future mariée n'a fait qu'une bouchée de cet individu, avec ses a priori et son arrogance. Mais c'est le commentaire qu'elle a ajouté qui s'attaque vraiment aux pressions qu'on nous impose dans notre rapport au corps, à la veille d'un mariage comme au quotidien.
"Votre valeur vient de VOUS, pas de votre physique. On se fiche de savoir que vous avez deux ou trois kilos en trop, ou même cinq, ou dix, ou quinze? Ce qui compte, c'est que vous soyez heureux et en bonne santé. Ce chiffre sur la balance NE DÉFINIT NI VOTRE IDENTITÉ NI VOTRE VALEUR. Ne laissez personne vous dire le contraire. Ils essayeront pourtant parce qu'ils n'ont pas encore compris", affirme-t- elle.
Selon Cassie, le coach en question, dont elle n'a pas révélé l'identité, l'a ensuite recontactée en se disant blessé face aux réactions qui "le stigmatisaient", rendant la situation encore plus absurde. Pour la jeune femme, malgré quelques réactions agressives, la "vague d'amour qui a déferlé sur internet était vraiment stupéfiante".
"LES HATERS, DU BALAI! Je vais être franche: les trolls ont vraiment réussi à m'atteindre hier. Ce n'est pas tant que leurs paroles m'ont blessée, mais ma foi en l'humanité en a pris un coup. J'étais stupéfaite que des gens puissent se montrer si méchants et cruels. Face à cette espèce d'Armée des morts dépourvue de tout sentiment humain, toute résistance semblait vaine... Et puis vous, vous m'avez écrit. Et vous, et vous, et vous encore. Vous m'avez raconté tant d'histoires... Celle de l'achat d'un premier maillot deux pièces. Celle d'une lutte contre les TCA, pour apprendre à vous accepter. La dépression qui a entraîné votre prise de poids après un décès dans votre famille, et ce combat de tous les jours, la tête haute. Ce moment où, pour la première fois, vous vous êtes baignée en maillot de bain avec vos enfants, pour jouer ensemble et leur laisser des souvenirs au lieu de vous cacher derrière une serviette de plage. Vos enfants, justement, au regard tellement frais et innocent, qui ne voient pas pourquoi être en surpoids serait un problème. Ou ces histoires déchirantes de femmes au bord du gouffre - vos filles, vos soeurs, vous-mêmes - qui n'avaient pourtant besoin que de comprendre que "gros" n'est qu'un adjectif, pas un jugement de valeur.
Tout ce chemin parcouru, pour arriver à un mariage! Merci, merci à tous. Votre présence a plongé les trolls dans l'oubli. Vous avez vérifié si j'allais bien. Vous avez réglé leur compte à mes détracteurs, et m'avez ramenée vers la lumière. SMS, tweets, emails, MP, messages sur Facebook... Il n'y a pas de mots pour décrire tout cet amour qui m'est venu aussi bien de la communauté @TheBertShow, ma famille radiophonique, que de parfaits inconnus. À vous qui êtes en souffrance: n'oubliez pas que nous sommes là. Pas seulement ceux qui militent ouvertement, mais aussi les autres, les alliés silencieux. Nous sommes à vos côtés, et nous allons remporter cette bataille. Je vous le jure... CHAQUE CORPS est beau. À tous les trolls: cette photo est pour vous. Ça vous fait mal, hein..."