Le Premier ministre butte à son tour sur la question de la viande halal. Invité sur Europe 1 lundi, François Fillon s’est exprimé à titre personnel, au sujet de l’abattage rituel des animaux, estimant que « les religions devaient réfléchir au maintien de traditions qui n'ont plus grand-chose à voir avec l'état aujourd'hui de la science, l'état de la technologie, les problèmes de santé. » Ajoutant que ce n’était pas le jour ni le moment d’engager ce débat, M. Fillon a précisé « on est dans un pays moderne », « on pourrait y réfléchir », et s’est défendu de toute stigmatisation des musulmans et juifs de France. « On ne peut demander à la fois la traçabilité de tous les produits et ne pas souhaiter que les Français sachent ce qu'ils mangent », a-t-il déclaré, relayant ainsi la position de Nicolas Sarkozy qui plaidait samedi dernier à Bordeaux en faveur de « l'étiquetage de la viande en fonction de la méthode d'abattage ». Le ministre a également manifesté son soutien aux propos de Claude Guéant au sujet du droit de vote des étrangers non communautaires aux élections municipales. Le ministre de l’Intérieur a fait le lien entre ces deux sujets, avançant qu’il ne voulait pas que des conseillers municipaux soient mis sous la pression de communautés et influencent les choix de régime alimentaire dans les cantines scolaires, soumises au principe de laïcité.
Les propos du Premier ministre ont provoqué la colère du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). « Choqué », son président, Richard Prasquier a trouvé la déclaration de François Fillon « stupéfiante », « même s'il dit que c'est à titre personnel qu'il s'exprime, quand on est Premier ministre, on a une parole officielle. Nous sommes dans un pays de séparation de l'Eglise et de l'Etat », a-t-il déclaré à l’AFP. Selon le Grand rabbin Bruno Fiszon, spécialiste des questions d'abattage au Consistoire central, il n'est « pas judicieux » de poser en ce moment la question de l'étiquetage de la viande halal ou casher. « Si on veut informer, qu'on informe le consommateur sur tous les événements qui ont amené son steak dans l'assiette. Un étiquetage qui se focaliserait uniquement sur le rituel conduirait à une stigmatisation », a-t-il ajouté.
A l'UMP, la question dérange. Alain Juppé reste à l’écart du débat, « Je pense que le problème de la viande halal est un faux problème en réalité, qu'il y a d'autres vraies questions qu'il faut se poser », a-t-il déclaré. « J'ai déjà dit que le « choc des civilisations » n'était pas ma tasse de thé ». La secrétaire nationale du parti majoritaire, Salima Saa, s'est déclarée « attristée de voir s'étaler des jugements négatifs et dévalorisants sur les musulmans de France ».
La polémique sur la viande halal a été lancée en pleine campagne présidentielle par Marine Le Pen, qui prétend que la totalité de la production de viande en Ile-de-France serait halal, c’est-à-dire abattue selon le rituel musulman –la bête est égorgée sans être étourdie.
(Source : AFP)
Crédit photo : AFP
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