On a vu "Un tramway nommé désir" et Cristiana Reali y est époustouflante Photo : Christophe Raynaud De Lage
Théâtre : on a vu "Un tramway nommé désir" et Cristiana Reali y est époustouflante Photo : Christophe Raynaud De Lage
Théâtre : on a vu "Un tramway nommé désir" et Cristiana Reali y est époustouflante
Théâtre : on a vu Un tramway nommé désir et Cristiana Reali y est époustouflante
"Un tramway nommé désir" est de retour sur les planches. Cette nouvelle transposition met à l'honneur dans un décor épuré une Blanche Dubois plus tragicomique que jamais. Un rôle en or pour Cristiana Reali, qui a su conquérir le public.
La metteuse en scène Pauline Susini fait revenir ce chef d'oeuvre sur les planches aux Bouffes Parisiennes pour mieux en valoriser la pierre brut : Blanche Dubois évidemment.
Blanche, c'est la soeur de Stella, jeune femme sous l'emprise d'un conjoint alcoolique, macho et violent : Stanley. Professeure d'anglais à l'attitude très extravagante, elle retourne auprès de sa soeur après avoir été essorée par la vie. Et traîne derrière elle de fâcheux fantômes que le brutal Stanley ne va pas hésiter à convoquer !
Dès cette première représentation aux Bouffes ce 31 janvier, le public s'est retrouvé au diapason de cette protagoniste, et surtout de son interprète, troublante de justesse : Cristiana Reali. Il faut dire que sur scène, l'actrice aux bien connues partitions télévisuelles ne joue pas Blanche, elle est Blanche. Avec toute l'intensité que cela suppose...
Source de ces réactions spontanées ? Ses réparties cinglantes à l'égard des autres, et plus précisément à l'encontre des mâles, qu'ils soient agressifs, moqueurs, humiliants (c'est évidemment le cas de Stanley, interprété par Nicolas Avinée), ou un peu courts d'esprit, pleins de maladresse, béats, victimes d'une masculinité stupide - tel le prétendant Mitch (Lionel Abelanski).
Un public bien présent, ému, un public au rire sonore : le spectacle proposé lors de cette première se déroulait aussi bien sur scène qu'en dehors. Les réactions étaient vives face à ce que Cristiana Reali est venue valoriser à travers cette partition : la force tragicomique de Blanche, qui semble sans cesse hésiter entre hurler d'hilarité ou pleurer.
Huis clos oblige, la scénographie est sobre et privilégie l'épure (quelques meubles disposés dans une pièce : table de poker, lit, canapé, rideau pour séparer Blanche des autres) mais la mise en scène vient quant à elle volontiers nous bousculer, notamment l'espace d'effets de lumières spectaculaires, tendance clignotements stroboscopiques, conférant aux scènes les plus dramatiques un petit air de film d'horreur.
Blanche Dubois est un personnage féminin passionnant, et son interprète en a conscience. Par sa gestuelle et ses intonations, Cristiana Reali l'incarne comme il se doit : à l'image d'une actrice malgré elle, une femme constamment dans la représentation, mais aussi une âme à la mélancolie tenace, solitaire, seule contre tous et surtout, contre le patriarcat.
L'épouvante est bien réelle : celle que vivent les femmes, moquées, culpabilisées, complexées, violentées, auprès des hommes, ces "porcs", comme l'on pourra l'entendre à plusieurs reprises au sein de la pièce. Dans ce climat étouffant, toutes, à l'instar du duo Stella/Blanche, deviennent comme des soeurs, aux expériences partagées. Christiana Reali - Chico & The Gypsies en concert à l'Olympia à Paris, le 15 avril 2014. Chico & The Gypsies in concert at "Olympia" in Paris, France, on April 15th 2014.