Société
Affaire Iris Mittenaere : on a recueilli pour vous les excuses bidons de mecs accusés de violences
Publié le 3 octobre 2024 à 11:07
Par Clément Arbrun | Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
"Mon impulsivité est un problème", s'est confié Bruno Pelat après la plainte de son ancienne compagne Iris Mittenaere pour violences conjugales. "Impulsivité" ? Un doux euphémisme qui s'ajoute à une longue liste "d'excuses" classiques dans ce genre d'affaires.
Affaire Iris Mittenaere : on a recueilli pour vous les excuses bidons de mecs accusés de violences
Affaire Iris Mittenaere : on a recueilli pour vous les excuses bidons de mecs accusés de violences "Mon impulsivité est un problème", s'est confié Bruno Pelat après la plainte de sa compagne Iris Mittenaere pour violences conjugales. "Impulsivité" ? Un doux euphémisme qui s'ajoute à une longue liste "d'excuses" classiques dans ce genre d'affaires. Des excuses qui constituent toute une rhétorique, bien moins anodine qu'on ne pourrait le croire : c'est la rhétorique "anti-#MeToo" telle que la décrypte avec une très grande minutie la journaliste et autrice Rose Lamy dans ses essais et sur son compte Instagram "Préparez vous pour la bagarre". De nombreuses affaires en donnent un léger aperçu. Et c'est régulièrement affligeant. Les excuses de Nicolas Bedos par exemple, accusé de harcèlement et d'agression sexuelle, mais parlant d'un "numéro d'ivrogne", "de la lourdeur, de la drague", aux antipodes des "choses absolument dégueulasses" qu'on associe à son nom. Autre excuse bidon ? Accusé de violences sexuelles par 13 femmes, Gérard Depardieu a réagi dans les pages du "Figaro" à propos de l'une de ses nombreuses plaignantes, l'actrice Charlotte Arnould : "Alors, me dit-on, elle était sous emprise. Mais on est tous sous emprise. Moi-même je suis sous emprise : mon ADN, la famille, la société, l’argent…".
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C'est une actualité qui a fait grand bruit : l’ancienne Miss France Iris Mittenaere accuse son ancien conjoint Bruno Pelat de violences physiques et morales. Ce dernier a d'ailleurs rapidement été interpellé puis placé en garde à vue, après le dépôt de plainte de la star. Il est clairement question ici de violences conjugales.

"Mon impulsivité est un problème", s'est confié de son côté Bruno Pelat après la plainte de son ex compagne. Oui oui, vous avez bien lu : "Impulsivité" ! Le mot semble faible à l'évocation des faits présumés. Un doux euphémisme qui s'ajoute à une longue liste "d'excuses" classiques dans ce genre d'affaires, notamment depuis 2017. 

Des excuses qui constituent toute une rhétorique, bien moins anodine qu'on ne pourrait le croire : c'est la rhétorique "anti-#MeToo" telle que la décrypte avec une très grande minutie la journaliste et autrice Rose Lamy dans ses essais et sur son compte Instagram "Préparez vous pour la bagarre". De nombreuses affaires en donnent un léger aperçu. Et c'est régulièrement affligeant.

On a recueilli quelques exemples pour vous...

"Impulsivité"

Accusé de violences conjugales par l'ex Miss France Iris Mittenaere, Bruno Pelat, 22 ans, qui sera jugé en novembre prochain par le tribunal correctionnel de Paris et fait déjà l'objet d'une interdiction de rentrer en contact avec la victime, s'excuse ainsi : "Mon impulsivité est un problème. Je ne vais plus entrer en contact avec elle. Je veux qu’elle soit heureuse".

Impulsivité ? Un curieux mot pour évoquer une affaire de violences conjugales. Pourtant, ce terme est loin d'être inconnu à celles et ceux qui s'intéressent à la façon dont ces violences sont médiatisées. Ce mot-là rappelle celui, tout aussi désastreux, de "violences passionnelles"... 

Il a d'ailleurs fallu attendre de longues années, et des affaires aussi retentissantes que le meurtre de Marie Trintignant, pour que le qualificatif de "crime passionnel" soit quelque peu éludé dans la presse au profit d'un mot bien plus en cohésion avec les violences de genre : celui de "féminicide". Un terme qui rappelle la réalité des violences patriarcales.

"Un numéro d'ivrogne" 

"Je ne suis pas un agresseur sexuel, je ne le serai jamais", a affirmé l’acteur et réalisateur Nicolas Bedos lors de son procès en septembre 2024. Nicolas Bedos a été jugé pour agressions et harcèlement sexuels sur trois femmes entre 2018 et 2023. 

A l'évocation de ces accusations, l'artiste préfère parle d'un "numéro d'ivrogne" et n'y voit que "de la lourdeur, de la drague", aux antipodes des "choses absolument dégueulasses" qu'on associe à son nom. Douze mois de prison avec sursis ont été requis à l’encontre du cinéaste. Le tribunal correctionnel de Paris rendra son jugement le 22 octobre.

Nicolas Bedos quant à lui serait en train de rédiger un livre qui témoignerait de "sa vie bouleversée par ces différentes accusations d'agression", rapporte Le Figaro. Un livre qui devrait paraître aux éditions Flammarion. On a pas vraiment hâte.

"On est tous sous emprise !"

Accusé de violences sexuelles par 13 femmes, Gérard Depardieu dément pourtant "tout comportement pénalement répréhensible", et s'est expliqué ainsi par le biais d'une lettre ouverte, parue dans les pages du "Figaro" : "Je ne peux plus consentir à ce que j'entends, ce que je lis sur moi depuis quelques mois. Tout cela m'atteint [...] Jamais au grand jamais je n'ai abusé d'une femme. Je ne suis ni un violeur ni un prédateur". 

Surtout, il emploie à l'encontre de l'une de ses nombreuses plaignantes, l'actrice Charlotte Arnould, cet argument qui laissera certains (et certaines) plutôt perplexes : "Alors, me dit-on, elle était sous emprise. Mais on est tous sous emprise. Moi-même je suis sous emprise : mon ADN, la famille, la société, l’argent…". 

Est-ce vraiment le bon moment pour philosopher quand de telles accusations pèsent sur vous ? Question délicatement rhétorique... "La lettre de Gérard Depardieu est un ramassis de mensonges. Moi et mon entourage nous savons qu'il ment. Ca propage un message vraiment immonde. Il m'a souillée en 2018 et d'une certaine façon, il continue de le faire par les mots", rétorquera Charlotte Arnould.

"Je suis un bouc émissaire"

Inverser le rapport victime/agresseur ? Un grand classique dans la catégorie des réponses médiatisées des présumés coupables. C'est d'ailleurs ainsi que s'est défendu le cinéaste Jacques Doillon. Judith Godrèche a porté plainte contre ce dernier, qu'elle accuse d'agressions sexuelles, survenues notamment lors d'auditions. Le cinéaste dément.

"Je n'ai jamais eu de rapport intime avec Judith Godrèche. Je n'ai jamais été attiré par elle. Je vivais à l'époque avec Jane Birkin, dont j'étais amoureux. Il ne s'est rien passé avec Judith ni dans un bureau ni nulle part ailleurs", a expliqué le réalisateur de 79 ans dans les pages du Parisien, préférant le terme "d'idylle" : "en 35 films, il m'est arrivé une ou deux fois d'avoir des idylles avec des comédiennes, mais je n'ai pas été un harceleur". Une rhétorique connue, celle du "séducteur"...

Nous voilà donc soulagés. Ou pas Surtout, le réalisateur va ouvertement renverser la situation en accusant frontalement la comédienne auprès du Parisien : "Judith Godrèche a ouvert le bal et fait de moi son bouc émissaire. Les autres accusations l'ont suivie. Il semble que l'effet de meute décrit en psychologie s'applique là parfaitement".

Ce mot de "bouc émissaire" est étroitement lié à une expression qui résonne constamment au gré de ces affaires, et sur laquelle l'autrice féministe Rose Lamy met d'ailleurs des mots percutants : l'expression de "chasse aux sorcières". Initialement employé pour désigner des meurtres de femmes, désormais retourné par les hommes pour épingler #MeToo...

"Séducteur"

Pire que les excuses des accusés au coeur de révélations post-#MeToo, celles de leurs proches... 

Au micro de France Inter, en décembre 2021, la journaliste Claire Chazal est ainsi revenue sur les multiples accusations de viol et d'agression sexuelle dont Patrick Poivre d'Arvor fait l'objet, notamment relatées par Médiapart et ELLE. Et a défendu l'ancien présentateur de cette manière : "L'homme que ces femmes décrivent n'est pas celui que j'ai connu. Celui que j'ai connu aimait sans doute séduire, et convaincre... Il aimait surtout convaincre et ne pas forcer. C'était une immense professionnel de la télévision". 

PPDA, un Don Juan devant l'Eternel ? De quoi laisser son interlocutrice, la journaliste Sonia Devillers, plutôt perplexe. Et nous avec.

"Il y a des malentendus !"

En mai dernier, suite à l'enquête du média féministe Cheek Magazine (en collaboration avec Médiapart) l'on découvrait de nombreuses accusations d'agressions sexuelles et d'attitudes "déplacées" visant directement le comédien et metteur en scène Edouard Baer, qui voyait dès lors certaines des représentations de son nouveau spectacle annulé. L'enquête du média féministe relatait également des faits de harcèlement, qui se seraient étalés de 2013 à 2021.

Chose perturbante qui fut beaucoup soulignée, les propos d'Edouard Baer, le même mois, avant la mise en ligne de l'enquête, à l'antenne de France 2. Invité de Laurent Delahousse, le comédien s'était effectivement exprimé sur le mouvement #MeToo : "Vous vous rendez compte qu'il y a 12 sujets en un, 12 prises de parole différentes, il y a des scandales, tout est différent, y a des saloperies, y a des malentendus... tout est lié, le fait de ne plus passer par les tribunaux fait que toute parole serait bonne à dire, à répandre. Avant, la parole des hommes était dominante et aujourd'hui, il y a une sorte d'inversion, avant qu'il y ait un rééquilibrage"

Difficile de ne pas lier cette curieuse "inversion" évoquée par l'acteur à l'inversion de culpabilité définie plus haut... Des propos troublants s'il en est. Mais qui invoquent les mêmes arguments que la légère liste déployée depuis le début de cet article.

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Société News essentielles #MeToo violences sexuelles
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