Une séparation ce n'est jamais simple, et une multitude de critères entrent en jeu pour l'expliquer. Du départ "en bons termes" aux exemples hélas bien plus houleux et/ou dramatiques. Mais une toute nouvelle étude de l'Ined, alias l'Institut national d'études démographiques, vient mettre en lumière LA grande raison qui pousse beaucoup de Françaises à "casser".
Et celle-ci vous étonnera volontiers... A moins qu'elle ne vienne confirmer vos convictions !
Car voilà, selon cette enquête chiffrée, un grand nombre de séparations concerne directement... Les couples où la conjointe "gagne plus" que son cher et tendre. Les revenus supérieurs pèsent littéralement dans la balance concernant l'harmonie conjugale. Tant et si bien que ce facteur engendrerait "un risque plus élevé de séparation".
Risque plus élevé, qu'est-ce à dire ? C'est simple : il atteindrait carrément le pic des 40 %, ce risque. Oui, c'est énorme. Et cela, de nouveau, on peut aisément l'expliquer...
Pourquoi le risque de séparation est-il plus élevé quand les femmes gagnent plus ? C'est assez simple.
Comme l'analyse Titiou Lecoq dans son super essai "Le couple et l'argent", le salaire est un enjeu essentiel quand il est question de vie conjugale et d'égalité des sexes. Et dans ce cas précis, en l'occurrence, c'est tout simplement l'indépendance financière qui inciterait beaucoup de femmes à voler de leurs propres ailes.
Ou en tout cas, à se sentir beaucoup plus libre de mettre fin à une relation qui s'achève ou devient toxique, de par leur indépendance, justement. Est-ce que cette situation peut aussi engendrer des tentions du côté de Monsieur ? C'est possible. "Dévier des normes est difficile à accepter même dans des pays comme la France où l'emploi féminin est élevé et soutenu par des politiques familiales", décrypte d'ailleurs l'Ined. A l'inverse, quand la conjointe "gagne moins", le risque de séparation pourrait être jusqu'à deux fois moins élevé.
Il est ici question des couples "dans lesquels la part de revenu apporté par la femme est supérieure à 55%". Qu'ils soient mariés, ou non.
Derrière cette donnée qui peut vous sembler un brin anodine - mais ne l'est pas du tout ! - sur la séparation au sein des couples hétéros, c'est un vrai enjeu féministe absolument crucial qui est à retenir : celui d'indépendance financière. Car ce facteur s'oppose à l'emprise financière, ou emprise économique, qui pour le coup constitue une vraie violence conjugale.
Au sein des couples où existent des violences, la supériorité financière du conjoint sur la conjointe est source de manipulations, de chantage, d'étouffement progressif. Un véritable "red flag". D'ailleurs, dans une relation toxique, la main mise sur les comptes bancaires est bien souvent une étape annonciatrice de violences. Une personnalité aussi inspirante que Serena Williams a maintes fois alerté sur le phénomène d'emprise financière.
Plus proche de nous, le romancier Edouard Louis en parlait - en évoquant sa mère - sur les ondes de France Inter en avril dernier : "Quand ma mère s'enfuit de chez cet homme qui la maltraitait, quel est le prix de la liberté ? Car quand elle est finalement partie, il a fallu lui trouver un logement, payer une caution, lui acheter des meubles. Mais qu'est ce qu'aurait fait ma mère si je n'avais pas pu l'aider ? Et combien de femmes veulent partir mais ne peuvent pas ?".
Et cela ne nous étonne donc guère qu'à l'inverse, la supériorité économique de la conjointe permette davantage de séparations... Logique ?