En début d'année, Judith Godrèche a porté plainte contre Jacques Doillon.
Pour rappel, elle accuse le cinéaste d'agressions sexuelles, survenues notamment lors d'auditions et d'essais pour certains de ses films : "Sur un film, Doillon me demande un jour de m'allonger sur le lit et il me dit que pour la respiration, il faut qu'il se rapproche de moi pour pouvoir vraiment écrire ce personnage... Il m'embrasse, la pièce est fermée, il me met les doigts dans la culotte et il me fait allonger sur le lit", témoignait la comédienne au gré de prises de paroles accablantes.
Sur un autre tournage, celui de La fille de 15 ans, le réalisateur aurait pris la place d'un comédien lors "d'une scène d'amour, une scène de sexe entre lui et moi" avec pas moins de 45 prises. "J'enlève mon pull, je suis torse-nu, il me pelote et il me roule des pelles", a-t-on pu lire dans les témoignages rapportés de Judith Godrèche.
Aujourd'hui, une autre star du cinéma français réagit à cette prise de parole, expression majeure au sein du mouvement #MeToo : la sulfureuse Béatrice Dalle. Dans les colonnes du magazine Télé Star, Béatrice Dalle aborde d'emblée "l'affaire Jacques Doillon", pour lequel elle a pu collaborer sur le film La vengeance d’une femme, dans les années 80. Et la star de 37,2 le matin tient déjà à le préciser : "Jacques Doillon, je l’appelle souvent, ça m’a choquée ces accusations contre lui...".
La suite de l'échange fera d'autant plus réagir puisque la comédienne s'en prend... Aux femmes qui témoignent dans le cas de ces affaires de violences sexuelles. Et aux victimes. Quitte à oser du "victim blaming" : cette tendance à inverser la culpabilité entre victime et agresseur...
On peut parler de "victim blaming", oui.
Car Béatrice Dalle va affirmer sans sourciller dans Télé Star : "Je ne comprends pas que, des années après, certaines comédiennes portent plainte. Si ça m’était arrivé, je serais allée directement chez les flics !". C'est une rhétorique qui rejoint le fameux argument des détracteurs du mouvement #MeToo : "pourquoi n'a-t-elle rien dit ?", "pourquoi ne pas avoir parlé plus tôt ?", "pourquoi maintenant ?", etc.
On connaît la chanson. Une minutieuse analyste des discours anti #MeToo, Rose Lamy, autrice et instigatrice du compte "Préparez vous pour la bagarre" sur Instagram, en décrypte toutes les tournures et déclinaisons. De la "chasse aux sorcières" aux témoignages considérés comme beaucoup trop "tardifs".
D'autres actrices préfèrent mettre le la sur la voix des victimes de violences sexuelles. C'est le cas de Nora Hamzawi qui a justement exprimé son refus de défendre le prochain film de Jacques Doillon, où elle figure, s'exprimant ainsi sur les ondes de France Inter : "La question ne se pose même pas pour moi... Il est en train de se passer quelque chose d'important concernant la libération de la parole sur des faits de violences sur mineurs dans le milieu du cinéma. Sortir le film maintenant, c'est vraiment un manque de respect. Je ne soutiens pas cette décision qui me semble être un mépris vis-à-vis de la parole des femmes"
Cependant, à Télé Star toujours, Béatrice Dalle tient à accorder quelques mots aux femmes qui n'osent pas parler : "Une femme qui a vraiment peur de perdre son travail, une mère de famille, peut accepter des choses ou qu’elle n’ose pas parler. Le mec est tellement puissant, il y a aussi une sorte de rapport hyper tendancieux qu’on ne veut pas se griller avec lui".