"Vous poseriez la même question à un homme ?"
Kate Winslet était l’invitée du talk show "C à vous" à l’occasion de la sortie du film Lee Miller. Et l'interprète mythique de Rose dans Titanic en a profité pour (gentiment) rhabiller Pierre Lescure pour l'hiver. En plein automne. "Pour camper cette femme libre et opiniâtre qui se moquait du regard des autres, vous assumez des rides, des cernes pour montrer sa fatigue physique, psychique. Vous vous dénudez sans dissimuler quelques rondeurs. C’est un choix délibéré qui allait quelques fois à l’encontre des suggestions de l’équipe de tournage...", a tenté ce dernier face à la star.
La répartie n'a pas fait un pli : "C’est très intéressant mais est-ce que vous poseriez cette même question à un homme ?". Et bim.
Une jolie manière s'il en est pour la comédienne chère à Léo d'envoyer valdinguer les stéréotypes de genre. Mais en France, les militantes féministes à l'unisson n'ont pas manqué de réagir aux propos de Pierre Lescure... Et c'est tout aussi punchy !
Une récente enquête de DisonsDemain & OpinionWay nous l'apprend : 65 % des Français considèrent que les films mettant en vedette des femmes de 50 ans et plus dans des rôles principaux sont "beaucoup trop rares". Et oui, plus les actrices vieillissent, moins elles sont visibles et valorisées. On appelle cela "l'âgisme".
Soit, dans l'industrie du cinéma et ailleurs, le fait de discriminer les individus (et les femmes en bonne partie) une fois passé la quarantaine. Jamie Lee Curtis, Kirsten Dunst, Halle Berry, Emmanuelle Béart, Cécile de France, les actrices sont nombreuses à casser ce tabou. Et cela passe par la mention des rides. "Merci à Kate, par ailleurs égérie L’Oréal, d’avoir renvoyé le chroniqueur dans ses 22 mètres !", s'amuse l'autrice féministe Fiona Schmidt sur son compte Insta. Un tacle qui a suscité l'adhésion des internautes.
"Avec cette question rhétorique - vous diriez la même chose à un homme ? - elle dénonce le male gaze qui érotise les femmes et le double standard sexiste qui enjoint aux actrices - et aux femmes en général - d’être minces et de rester éternellement jeunes et désirables", développe la blogueuse engagée auprès de ses followers, en l'affirmant haut et fort : "Non, Pierre Lescure, les rides ne sont pas un défaut du corps féminin !"
"... Et arrêtons avec l’euphémisme 'rondeurs' impliquant qu’il est embarrassant d’en avoir, et appelons un bourrelet un bourrelet", développe encore Fiona Schmidt dans sa publication abondamment likée et relayée. On ne pourrait mieux dire. Surtout dans une société qui alimente un culte désiré par la société patriarcale : le jeunisme, et les idéaux de beauté comme de performance qu'il implique.
Et on vous rappelle ces lignes fracassantes d'une consoeur actrice, l'immense Naomi Watts : "On m'a déjà dit : 'Tu ferais mieux de bosser beaucoup parce que tout est fini à 40 ans quand tu deviens imbaisable'. Et je me suis dit, 'Quoi? Qu'est-ce que ça veut dire exactement ?' Ensuite, vous y réfléchissez et vous vous dites : 'Oh, d'accord. Lorsque vous n'êtes plus une reproductrice !"