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Alison Wheeler monte (enfin !) sur scène, et c'est aussi drôle que touchant

Publié le Lundi 18 Décembre 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Alison Wheeler monte (enfin) sur scène, et c'est aussi drôle que touchant
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Coquillettes au beurre, congélation des ovocytes, chirurgie esthétique, bébés qui ressemblent à Churchill... Dans son premier stand up à découvrir au Théâtre de l'Atelier, Alison Wheeler, accompagnée d'une pianiste, passe au crible fantaisies diverses et crises existentielles. Savoureux.
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Quel est le rapport entre les fesses de Kim Kardashian, les coquillettes au beurre, Michel Houellebecq et L'amour est dans le pré ? Pas grand chose fort heureusement, si ce n'est : l'esprit hyper stimulé et stimulant d'une actrice bien connue qui se déploie (enfin !) sur scène après des années de chroniques : Alison Wheeler.

La trentenaire familière des spectateurs de l'émission Quotidien et des auditeurs de France Inter présente jusqu'au 23 décembre son tout premier one woman show au Théâtre de l'Atelier, La promesse d'un soir.

Une introspection riche - monologues, mais aussi sketches vidéos et chansons en live, le tout en une heure - sous la forme d'un autoportrait truculent et acidulé, celui d'une célibataire qui prend à bras le corps la condition féminine. Car sous couvert d'humour, l'artiste passe au crible chirurgie esthétique, égalité salariale, violences sexuelles, injonction au couple, maternité...

Et le fait avec une autodérision d'où émane un savoureux paradoxe : la verve est trash mais l'intime pudique, le discours aussi sensible qu'irrévérencieux. Comme toutes les bonnes comédies, c'est aussi drôle que touchant. Et ce qui s'y raconte précisément devrait à parler à plus d'une lectrice...

Nostalgie, chansons et ovocytes congelés

Si sur scène Alison Wheeler déploie une "vénéritude" qui renvoie à toute une école de stand upers US - la clique de talents révélés par les potacheries de Judd Apatow - ce qu'elle aborde tutoie un mood bien plus universel et très générationnel. Comme lorsqu'elle détourne le "Notes pour trop tard" d'Orelsan afin d'interroger sa propre nostalgie, celle d'une petite fille qui a grandi et ne croit plus vraiment aux princes charmants (ces mecs toxiques).

Car comme le leitmotiv de ce spectacle - la maternité - c'est le temps qui passe et ce qu'il impose aux femmes (de la pression à devenir mère aux baby showers) qui occupe en sourdine l'espace de cette performance au titre délicatement poétique. Il y a un je ne sais quoi de spleenétique dans le monde chaotique d'Alison Wheeler, même lorsque celle-ci nous partage ses pulsions de stalkeuse (envers son ex), sa crainte de voir un bébé devenir un "PN : pervers narcissique" ou encore... La congélation de ses ovocytes !

Vrai sujet d'ailleurs dont le traitement sur scène n'est pas si courant s'il en est - et pour cause, cela fait à peine deux que l'autoconservation ovocytaire est autorisée par la loi de bioéthique - et qui donne une petite idée du niveau de mise à nu de ce seule en scène. Accompagnée au piano, Alison Wheeler touche la bonne corde, qu'elle dédie une chanson aux meilleures pâtes au monde (de quoi ravir une autre humoriste féministe, Klaire fait Grr) ou accorde un éloge doux amer... Aux "bisous magiques" de sa maman.

Un drôle de soir qui est même parvenu à nous émouvoir. Promesse tenue.

La promesse d'un soir, un spectacle d'Alison Weeler

Au Théâtre de l'Atelier jusqu'au 23 décembre.

En tournée en 2024 et à l'Olympia du 7 au 11 janvier 2025.