La loi du silence a été rompue ce dimanche matin à Tripoli par une Libyenne de 35 ans. La jeune femme a pénétré dans un hôtel fréquenté par des journalistes, alors en plein petit-déjeuner, pour dénoncer le viol et la torture dont elle aurait été la victime. Un reporter français du Figaro raconte la scène sur son blog : la jeune femme était griffée au visage, ses jambes, ses pieds et ses poignets étaient rouges et couverts d’ecchymoses. Celle-ci aurait approché la tablée de journalistes et commencé à raconter qu’elle avait été arrêtée à l’entrée de Tripoli par des miliciens pro-Kadhafi, pour la seule raison qu’elle était originaire de Benghazi, berceau de l’insurrection. Les 15 hommes armés l’auraient attachée dans un cachot et auraient abusé d’elle pendant deux jours.
Mais Eman al-Obeydi est interrompue dans son récit par des agents du pouvoir qui veulent la faire taire, les employés de l’hôtel l’encerclent également et une femme lui couvre le visage pour la neutraliser. « Filmez, filmez, montrez au monde ce qu'ils m'ont fait ! » aurait-elle lancé aux journalistes, empêchés eux aussi de filmer. L’épisode les choque.
« C'est la première fois, en un mois de reportage en Libye, qu'une personne ose « cracher » sur le régime en public », observe la journaliste sur son blog. Finalement la trouble-faite a été emmenée de force par les sbires du pouvoir, et les journalistes n’ont pas encore réussi à retrouver sa trace.
Les images de Sky News :
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