Il y a quelques années, on lui aurait ri au nez de vouloir s’attaquer à un passe-temps vieux comme les bancs de l’école républicaine, certains restent d’ailleurs sceptiques. Mais pour Luc Chatel, la violence entre pairs à l’école ne relève pas de la dérive compassionnelle : « jusqu’alors, on ne tenait la plupart du temps pas compte des faits de harcèlement à l’école, on les estimait trop insignifiants au regard des violences plus évidentes et plus marquées, les réduisant au statut de gamineries, perçues du reste comme nécessaires à la construction de l’enfant. » Une violence qui, une fois analysée, touche autant les écoles publiques que privées, et qui pénalise sur la durée autant les agresseurs que leurs victimes.
Après les Etats généraux sur la sécurité à l’école de 2010, le ministre a donc souhaité faire toute la lumière sur les situations de harcèlement à l’école. Brimades, humiliations, coups, sobriquets : selon le rapport rédigé par Eric Debarbieux sur le climat de violence à l’école primaire, un enfant sur 10 serait victime de cette malveillance répétée, qui crée l’isolement, la dépression ou le décrochage scolaire. Pour le pédopsychiatre Marcel Rufo, invité à s’exprimer lors de l’ouverture des assises nationales sur le harcèlement scolaire qui se sont tenues hier et aujourd’hui à Paris, « c’est à l’école de repérer la souffrance » de certains de ces élèves, dès le primaire, pour éviter qu’ils ne basculent dans des pathologies comme la phobie scolaire voire les penchants suicidaires. Selon lui une procédure de signalement devrait être mise en place pour les « sévices psychiques », au même titre que pour les sévices corporels ou sexuels.
Dans son discours inaugural, Luc Chatel a regretté que l’institution ne se soit pas encore préoccupée de cette violence difficile à sonder. C’est pourquoi il s’est engagé à faire de cette question une priorité pour « humaniser » et faire advenir un climat « d’empathie » dans les salles de classe et les cours de récréation, en passant notamment par une meilleure communication entre parents, profs et élèves. Parmi les mesures proposées, reprises des 15 propositions d’Eric Debarbieux pour lutter contre le harcèlement à l’école, il annonce une nouvelle enquête de victimation dans les collèges, similaire à celle menée en primaire, dont les résultats seront connus cet automne. La démarche d’enquête devrait par ailleurs être pérennisée. Le Ministre propose en outre la mise en place d’une recherche scientifique sur le sujet « pour appréhender de manière objective et complète le phénomène de violence à l’école ». Sur l’exemple du plan dévoilé le 10 mars par le président Barack Obama, très concerné par la question, il promet la mise en œuvre de programmes de sensibilisation et de pédagogie, dont le premier volet sera incarné par la diffusion d’un « guide sur le harcèlement à l’école », mis à la disposition des équipes éducatives cet automne, et d’un site Internet. La formation des enseignants constituera enfin l’un des axes majeurs de ce plan d’action. Sur ce point le Ministre a souligné que selon lui ces dispositions n’entraient pas en contradiction avec la politique de non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux.
Quinze propositions pour lutter contre le harcèlement scolaire
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